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kickAlive, c’est le studio que Pierre Dumas a monté il y a plusieurs années.

Hello à tou•tes, c’est Insaf qui vous parle aujourd’hui ! Dans le cadre de notre étude sur le jeu-vidéo, j’ai eu l’occasion d’échanger à plusieurs reprises avec Pierre Dumas, développeur de jeux-vidéo. Je vous laisse avec son interview juste en dessous. Il nous parle de l’aventure kickAlive et de ses projets à venir ! 👌🏼

Bonjour, est-ce que tu peux te présenter ? 

J’ai commencé dans le jeu vidéo en 1988, j’étais très jeune. À l’époque, je faisais tout : design, code, art et j’ai publié mon 1er jeu sur Atari ST. C’était passionnant, ç’a bouffé mes vacances d’été, d’hiver et mon assiduité aux cours, mais j’étais très heureux.

En 1995, je suis embauché chez un éditeur et ensuite, ça s’enchaine pendant 25 ans. J’ai été producteur et directeur créatif sur pc, web, mobile et toutes les consoles, sur des produits premium et fremium, dans des startups comme Magic Pockets ou chez des mastodontes comme Ubisoft. Chez des éditeurs et des développeurs français, canadiens, suédois, états-uniens… J’ai travaillé sur des jeux tout pourris, géniaux et des grosses licences comme Harry Potter. Voilà, bim, 25 ans en trois phrases.

Depuis fin 2020, j’ai déménagé aux pays-bas où mon épouse a un très bon job. J’ai fait quelques missions remote, notamment en Web3 dont l’intérêt est assez limité dans le jeu vidéo, à part pour arnaquer des inconscients. Depuis j’ai appris le JS et le néerlandais, j’ai fini d’écrire un roman et je travaille sur un nouveau projet.

Peux-tu nous parler de l’aventure kickAlive ? 

C’était mon bébé. Je l’avais pensé pendant 10 ans et c’était aussi l’aboutissement de tout ce que je savais. Le concept était béton et c’est encore le cas, d’ailleurs. On a très vite eu des kpi de classe mondiale. On a rapidement eu plusieurs très gros acteurs qui ont voulu nous signer. Nous avons gagné 100K € du CNC, 80K € de la région Île-de-France. On travaillait beaucoup…

Ç’a fait très mal quand j’ai mis la clé sous la porte.

Comment est-ce que ça s’est arrêté ? 

Mal, donc. On était trop petits, c’était mission impossible. Ou trop ambitieux, ou pas assez bons.

L’une des entreprises qui nous suivaient a mis 50 développeurs sur l’idée et sorti un produit concurrent qui a eu du succès. Paradoxalement, ça m’a fait plaisir, car ça validait nos idées. Parce qu’on n’a pas pu sortir le produit. Techniquement, on n’y arrivait pas. On a été débordés par l’ampleur du projet. Il nous a manqué beaucoup de ressources. J’avais mal calculé.

Moralement, j’ai perdu l’argent confié par mes 100 “petits” investisseurs. Je l’ai assez mal vécu. D’autant plus, qu’une partie d’entre eux (moins de 10 % de la somme) étaient des amis et de la famille.

Économiquement, j’ai été rincé : pas droit au chômage pour les entrepreneurs, j’ai perdu mon investissement personnel qui était conséquent, j’avais la foi ! Et puis je me versais un salaire modeste pendant des années donc j’ai entamé ma retraite.

Surtout, j’étais mentalement épuisé parce que débordé et stressé pendant longtemps pour finir sur une déception. C’était douloureux, heureusement que mon épouse assure.

Qu’as-tu appris de cette épreuve ? 

Ouais… Y’a des milliers de personnes qui racontent comment positiver les échecs, comment t’es hyper fort de ce qui ne t’a pas tué etc… J’assume mes regrets. Il y a des erreurs que je ne referai pas, mais je ne savais pas que c’étaient des conneries à l’époque. Je n’ai pas trop envie de dire des poncifs. J’essaie d’être digne.

Si, il y a un truc utile. On nous a proposé à un moment de nous associer, c’était un gros acteur, eh bien, j’aurais dû mieux y réfléchir. Perdre de l’indépendance, ça peut être gagner en assurance.

Aimerais-tu te relancer dans ce genre d’aventure ? 

C’est en cours. C’est toujours dans la tech, c’est un outil innovant avec une part de gaming, mais surtout de l’éducation. Je vais essayer d’être plus prudent. J’ai bien dit “essayer”.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui ouvre son studio de création de jeux-vidéo ?

Comme disait Kipling, si tu sais accueillir le désastre et le triomphe, ces deux imposteurs, d’un même front, alors ok, vas-y mon fils. Mais ça doit être plus facile quand tu gagnes. En tous les cas, cet entretien est une occasion officielle de tourner la page sur cette aventure, merci pour ça.

Sinon, un studio, c’est une PME, donc un petit pouvoir, des grandes responsabilités, potentiellement aussi d’immenses joies et angoisses. Il vaut mieux être assez stable et bien entouré pour se lancer.

Merci beaucoup à Pierre Dumas pour ses réponses à nos questions sur son studio kickAlive. C’est hyper intéressant d’avoir le témoignage de quelqu’un qui a vu son studio se fermer.

En plus de cet article, on a bien bossé sur le monde du jeu-vidéo avec l’équipe, un reportage très complet et un article sur comment devenir dev de jeux-vidéo sont déjà sortis !

Merci de nous avoir lu, à bientôt 👋🏼

Insaf 💙

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