Passer au contenu principal

Il y a plein de raisons pour que vous n’ayez pas suivi le sujet autour du changement de licence Hashicorp. La première, c’est que vous étiez sur un chemin de randonnée sans 4G et que vous aviez pas la tête à ça. La deuxième, c’est que vous êtes dev frontend et que c’est déjà assez pénible de suivre les dramas autour de Tailwind.

Alors, on vous a préparé une session de rattrapage pour que vous ayez le minimum syndical pour votre veille technologique.

Que s’est-il passé ?

Hashicorp a annoncé le passage de ces prochaines versions de la Licence Mozilla Public Licence à une licence dite BSL : « Business Source Licence ». Cela concerne tous ses produits logiciels.

Cela concerne en particulier Terraform, mais aussi Consult et x. Ce sont des produits particulièrement utilisés dans les tendances DevOps, par vos amis Cloud Engineer ou même quand vous faites simplement de l’Infrastructure As Code : IaC.

Terraform prépare les serveurs pour recevoir votre programme. Aussi, il est là du Build à la Production. Et il est particulièrement pratique quand vos applications passent d’un Cloud à un autre régulièrement.

Ce n’est pas exactement une alternative à Kubernetes, ou Docker. Ils sont souvent utilisés ensemble. Même si dans la majorité des cas, un seul des deux suffit.

Et ça veut dire quoi ?

Les licences open-source, c’est vite compliqué. En pratique, elles ont toutes leur code ouvert, c’est-à-dire qu’on peut le lire, mais c’est ensuite qu’on trouve des limites.

Par exemple, le plus souvent si vous modifiez le programme de votre imprimante ou de votre smartphone, vous perdrez la garantie sur le produit. Exemple pas du tout choisi au hasard, c’était le cas d’usage de Richard Stallman, on vous raconte l’histoire dans La Petite Histoire de La Tech.

Les libristes pensent que l’on devrait gagner de l’argent quand on fait du logiciel. Du coup, les licences écrites par les premiers libristes indiquaient que l’on peut gagner de l’argent en utilisant un logiciel libre ou en faisant un logiciel basé sur un logiciel libre. C’est pratique, parce que sinon on devrait verser de l’argent à NPM, Linux etc… dès qu’on met un site internet en ligne avec un tunnel de paiement.

La licence BSL, n’est pas libre. Vous ne pouvez pas commercialiser de produits concurrents à HashiCorp en se basant sur le code source.

Et le contexte n’est pas rose

HashiCorp n’est pas le premier à changer de cap.
Récemment, c’était Red Hat Entreprise Linux qui avait carrément fermé ses sources. Précédemment, MongoDB, puis Elastic avait changé de licence pour des contrats similaires à HashiCorp.

Elastic et Mongo avaient expliqué que c’était bien pour lutter contre Amazon Web Service qu’ils avaient fait ça. Quand je vous disais qu’un dev devait pouvoir gagner de l’argent avec votre code, vous n’imaginiez pas que ce dev c’était Bezos corp, son armée d’ingénieur•res et d’eurodollars (et des fusées). Et eux, ils ont la mauvaise habitude de faire un fork d’un produit Open-Source, et de le commercialiser sous un nom comme Amazon Infinidash sans forcément contribuer en retour.

Et c’est frustrant pour les éditeurs de voir que la machine AWS brasse des millions et eux, ils ne peuvent pas y toucher.

Du coup, dans un océan de gentillesse open-source, il suffit d’un mauvais poisson, un peu trop gourmand, pour faire flipper tout le monde.

Et les éditeurs open-source commencent à se barricader.

Pourquoi les gens sont pas contents ?

Les premiers à être frustrés, ce sont les contributeurs. Il y a plusieurs milliers de contributeurs qui ont fait Terraform tel qu’il est aujourd’hui et qui n’étaient pas salariés d’HashiCorp. Mais ils pensaient quand ils ont fait leurs contributions que le code serait toujours libre. Et qu’ils pourraient l’utiliser dans leur job sans payer une licence.

Ensuite, la licence est très très vague. Et c’est fait exprès. Si par exemple, vous développez un outil de CI/CD qui est utilisé par plusieurs BU de votre multinationale et que c’est refacturé. Et bien, c’est peut-être une activité concurrente à HashiCorp. Aujourd’hui ce sont eux qui vont décider de qui peut continuer à utiliser Terraform ou non. Et ça va être compliqué en cas de désaccord de trouver un juge qui peut trancher.

Et c’est très probable que demain :

  • Les contributeurs ne veulent plus contribuer à Terraform
  • Les entreprises utilisent des alternatives à Terraform pour éviter un conflit

Il faut bien voir qu’il y a plein de cas limites qui ne sont pas couverts. Vous faites de l’infogérance et vous utilisez des produits HashiCorp ? Peut-être que demain, ça sera non.

Et il faut bien comprendre que ce n’est pas vertueux du tout. Les produits HashiCorp sont populaires parce qu’ils ont cette superbe communauté de contributeurs. Parce que les pros sont certains que monter en compétence sur Terraform c’est un futur serein. Les produits sont facilement adoptés. Dans leurs prochains taff, on les recrutera pour ces compétences. Ce monde-là n’existe plus vraiment.

Il existe un espoir

Les milliers de contributeurs que je mentionnais plus tôt pourraient former une fondation ou un consortium pour maintenir un fork mis à jour de la dernière version. C’est l’intention derrière OpenTF.org.

Il est probable que derrière ce changement de licence, des concurrents d’HashiCorp prennent une nouvelle dimension.
Pulumi ou Infisical ont par exemple eut une belle exposition dans cette affaire.

Il est aussi très probable que rien ne change, et l’on reste sur un statu quo.
C’est complètement acceptable de reprendre une activité normale comme si rien n’avait changé en fait. Mais maintenant vous savez tout.

Bisous !

Damien Cavaillès

Auteur Damien Cavaillès

Plus d'articles par Damien Cavaillès

Laisser un commentaire