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Les deux premiers articles parlaient d’erreurs banales. Celui-ci, c’est deux mois de perdus parce que je respectais pas le processus de candidature.

Il est 18h. Une notif LinkedIn s’affiche sur mon smartphone : quelqu’un me mentionne dans un post.
Il dit que je n’ai pas répondu à sa candidature.

Mon ventre se serre. Je sens venir la vague.
Le post est public. J’imagine déjà les commentaires, les partages, le mini-buzz de colère.

Alors je saute sur mon MacBook et j’ouvre l’ATS. Dans la barre de recherche, je tape son nom. Je cherche encore dans les emails.
Rien.

Alors j’ouvre notre conversation LinkedIn.
Et là, tout me revient : il avait croisé un collègue. Ils avaient pris un café.
J’avais promis de le rappeler.

J’ai été le plus mauvais élève.

On est en 2014. J’ai à peine un an d’expérience, quelques applis mobiles sur les stores, et je viens de quitter mon CDI avant la fin de la période d’essai.
J’ai profité d’une sortie facile, mais le timing est mauvais.

Je me retrouve freelance. Pas de mission. Pas de filet.
Tout mon cash est passé dans le Mac, et il faut payer le loyer. Vivre, c’est pas gratuit.

J’ai un plan de jeu. Sur le papier, ça tient.
Les startups qui ont une appli mobile ont bossé avec une agence ou un freelance.
Peut-être qu’elles cherchent quelqu’un pour faire des évolutions, une nouvelle version.

Alors, je me mets en chasse.
Je repère des boîtes qui cherchent un dev junior ou un stagiaire. Et je contacte leur CTO en direct, par mail.
Sans CV. Juste mon LinkedIn.
Et pour trouver leurs adresses, j’essaie des variantes à partir du nom de domaine : prenom.nom@, tech@, hello@.

Résultat : 400 candidatures en un mois. 2 réponses.

Et derrière, des semaines très longues.
Seul dans le silence des non-réponses. À me demander si je vaux vraiment quelque chose sur ce marché.

Comment je me vois quand je candidate hors process : c'est le tapis rouge à canne. En réalité je suis sur la voie de service à côté de l'autoroute et ça va à la poubelle.
Le processus de candidature n’est pas une punition

Quand quelqu’un me fait ça, je galère.
Même avec la meilleure volonté du monde, son CV n’est pas dans mon ATS.
Donc je ne sais pas si j’ai répondu. Je ne peux pas le retrouver.
Et même si je veux le saisir moi-même dans l’outil, il faut un consentement RGPD pour le conserver ensuite.

Et encore faut-il que j’aie un CV !

C’est une difficulté de justifier un candidat hors processus de candidature

Et ça m’est arrivé plein de fois, en tant que recruteur.
“C’est une candidate qu’on avait déjà rencontrée, mais ça l’avait pas fait. Là, il est un peu tard, mais on peut la shortlister ?”

Et même quand il y a un CV, s’il est un peu trop bâclé, c’est un souci que je dois compenser.
Je me rappelle avoir échoué, avec mes collègues ou des clients, à les convaincre de rencontrer un candidat ou une candidate.

Le sujet, c’était juste le CV qui était moins bien : “Mais si en entretien, c’est super”.
La vérité ? J’avais oublié le CV. Je ne l’avais peut-être même pas regardé. J’avais appelé directement la personne.

Certains recruteurs assument qu’ils refont le CV des candidats, sans rien inventer non plus.
Mais franchement, ce n’est pas toujours possible.

Alors oui, on peut recruter sans CV.
Et on doit répondre à tous les candidats.
Mais suivre le processus, ça fait gagner du temps à tout le monde. Et surtout : ça aide le recruteur à se battre pour toi.

Je reviens bientôt pour la suite de cette série

C’est le 3e épisode. Si vous pensez que c’est le pire truc que j’ai fait, attendez de lire le 5e. Oui parce que j’en ai prévu plus que ça encore.
D’ailleurs, si vous voulez raconter une histoire comme celle-ci, envoyez un message à notre page LinkedIn, on sera content d’avoir des invités.

Damien Cavaillès

Auteur Damien Cavaillès

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