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La moitié de vos compétences techniques seront dépassées dans moins de trois ans. C’est l’indicateur souvent cité dans la littérature RH sur l’apprentissage continu des développeurs. “La demi-vie des compétences techniques est de 2,5 ans” (source Harvard Business Review). C’est deux fois moins que dans les autres métiers cadres. Un repère qui prend encore plus de sens à l’ère de l’intelligence artificielle.

Lors du webinar VibeCoding : productivité ou piège pour les devs ? organisé par Insitoo, les invités étaient unanimes : l’IA est un levier pour apprendre plus vite. La relation entre juniors et séniors se redessine. L’expérience garde sa valeur parce qu’elle permet de recadrer rapidement l’IA. Et dans le même temps, coder avec des agents IA devient une forme de pair programming permanent : toujours disponible, toujours enthousiaste, toujours prêt à discuter de bonnes pratiques.

En 2025, la capacité à apprendre figure clairement sur le podium des soft skills en informatique. Bonne nouvelle : ça s’apprend. Apprendre à apprendre n’est pas un jeu de mots, c’est une compétence structurante. Dans cet article, nous revenons sur ses fondations et sur des pratiques simples pour la développer au quotidien.

Si tu ne dois faire qu’une seule chose : TIL – Today I Learned.

Vraiment s’il n’y a qu’une chose que vous devez faire, c’est ce rituel. Hebdomadaire ou bimensuel, c’est un exercice qu’un manager peut proposer en One-One. Ce rituel structure votre apprentissage continu développeur.

Chaque nouvelle tâche est une opportunité d’apprendre. Et il y a plein de façons d’apprendre. Peut-être que vous avez dû faire un POC ou un premier jet, un pet project raté mais qui aide à apprendre des choses. Peut-être que vous avez reçu l’aide d’un pair, d’un client ou d’un prestataire. 

D’une part, c’est rassurant pour la prochaine fois qu’on fera une nouvelle tâche. C’est une bonne routine pour vaincre le syndrome de l’imposteur.
D’autre part, c’est une bonne idée de documenter ce qu’on a appris. Est-ce que je peux faire un mémo, une note rapide expliquant les ressources que j’ai pu utiliser pour apprendre ? Cela me permettra d’y revenir et d’apprendre plus vite ou d’aller plus loin la prochaine fois. Ce mémo, est généralement appelé un TIL : “Today I Learned”.

Une fois ce rituel mis en place, vous aurez donné de la place à cette compétence et son développement. Pour aller plus loin, il vous faudra le “SECI”.

Les 4 temps de l’apprentissage continu développeur : le modèle SECI.

Le modèle SECI, proposé par Nonaka et Takeuchi, est une référence dans la recherche universitaire. On le retrouve dans de nombreux articles sur la gestion des connaissances en entreprise. Pourquoi ? Parce qu’il décrit le processus même qui fait progresser l’état de l’art : transformer une intuition en savoir partagé, puis en compétence reconnue.

Étape 1 — Socialisation (tacite → tacite).

Les chercheurs participent à des colloques ou des séminaires. Les développeurs, eux, échangent dans des communautés professionnelles, formelles ou informelles. C’est le moment où l’on partage des intuitions et du savoir-faire implicite. Exemple : “Fais attention, la documentation est obsolète sur ce point.”

Étape 2 — Externalisation (tacite → explicite).

Dans la recherche académique, cela passe par la publication d’un article scientifique. Dans le monde des devs, c’est un article de blog, une note technique ou un TIL (Today I Learned). Écrire formalise une idée, et c’est une étape clé pour l’apprentissage continu.

Étape 3 — Combinaison (explicite → explicite).

Les chercheurs publient des méta-analyses ou des états de l’art. Les développeurs font de même lorsqu’ils rédigent une documentation technique ou consolident différents retours dans un guide interne. On assemble les connaissances existantes pour en créer une vision plus complète.

Étape 4 — Internalisation (explicite → tacite).

Une expérience scientifique devient robuste quand elle est reproduite à plusieurs reprises. Côté dev, c’est lorsque vous appliquez ce que vous avez lu dans un tutoriel ou un article. Vous transformez ce savoir explicite en réflexe pratique. Et, lors du daily suivant, vous partagez ce que vous avez appris : la boucle recommence.

Diagramme circulaire illustrant le modèle SECI appliqué aux développeurs : 4 sections colorées, disposées en cercle avec flèches de continuité. Chaque section contient un mot-clé + un exemple concret développeur. Socialisation (tacite → tacite) : meetups, pair programming, interviews. Externalisation (tacite → explicite) : article de blog, TIL, note technique. Combinaison (explicite → explicite) : documentation, guides, QCM WeLoveDevs. Internalisation (explicite → tacite) : pratique sur projet, tutoriels appliqués. Ajoute le titre en haut : "Apprentissage continu développeur : le cycle SECI" Style clair et minimaliste, couleurs sobres (bleu, vert, gris clair). Icônes simples (personnes, clavier, document, engrenage).À chacun son SECI, et ça peut évoluer.

Tout le monde n’a pas la chance d’évoluer dans une entreprise “apprenante”. Mais chacun peut appliquer cette boucle à son échelle. Échanger, formaliser, documenter, puis pratiquer : c’est la mécanique qui nourrit l’apprentissage continu développeur.

Pour la socialisation, j’ai eu différents rituels. Avant le COVID, je passais beaucoup de soirées à des meetups et je participais à près d’une dizaine de salons par an. Aujourd’hui, je n’en fais plus qu’un ou deux, mais je prends le temps d’échanger en visio ou autour d’un café avec des pairs soigneusement sélectionnés. Tant que la conversation est intéressante, c’est de l’apprentissage continu. Cela peut être aussi des interviews.

L’externalisation, je suis en train de la pratiquer ici en écrivant cet article. Je peux aussi le faire sur d’autres canaux ou supports. La combinaison, ce sont des articles plus développés, des guides que vous pouvez retrouver sur le blog de WeLoveDevs.com.

La pédagogie, une clé de l’apprentissage continu pour les développeurs.

C’est un autre soft skill, et pourtant : muscler cette compétence a un effet de levier direct sur la précédente.

Quand on prend le rôle de mentor ou de professeur, on adopte une posture d’internalisation et de socialisation. Internalisation, parce qu’on absorbe la littérature pour pouvoir la restituer de manière implicite. Socialisation, parce qu’on transmet ensuite ce savoir de façon tacite, par l’échange.

On pourrait croire que la pédagogie arrive après l’apprentissage, comme une étape supplémentaire. Mais le modèle montre qu’elle est en réalité un sous-ensemble de l’apprentissage.

Exemple avec Terraform.

Avant d’animer une formation interne, vous allez probablement lire le livre de Julien Wittouck aux Éditions ENI pour consolider vos connaissances. Vous pouvez ensuite passer le QCM Terraform qu’il a rédigé sur WeLoveDevs pour évaluer votre niveau.

Mais le moment où toutes ces connaissances s’activent, c’est quand vous contribuez à votre tour aux QCMs. En proposant des questions, vous aidez d’autres professionnels à découvrir de nouveaux sujets à apprendre.

Il faut lever ici une croyance limitante : il n’est pas nécessaire d’être un expert pour aider les autres à progresser. Vu la diversité des technologies, même un junior peut apporter des éclairages utiles à des séniors.

Contribuer à l’open-source est une mise en pratique très efficace.

La contribution open-source n’est pas réservée aux séniors ou aux experts. C’est au contraire une excellente opportunité pour approfondir la maîtrise d’un framework ou d’un langage.

Bien sûr, toutes les technologies ne sont pas accessibles. Un développeur web n’aura pas la porte grande ouverte sur RISC-V. De la même façon, les programmeurs système seraient en difficulté s’ils devaient contribuer à Vue.js.

Peu importe : l’important est de trouver un projet où vos compétences sont utiles. Contribuer vous permet de mettre vos connaissances en pratique, de les challenger et de les enrichir. Cette mise en pratique nourrit aussi l’apprentissage continu développeur. Devenir contributeur — ou mieux, core-contributeur — sur un projet open-source reconnu est aussi l’une des meilleures garanties d’employabilité future.

Claude et ChatGPT comme levier et non comme béquille.

À moins d’être sysadmin dans un sous-marin, vous avez probablement accès à Internet en travaillant. Résultat : il est facile de ne pas retenir un élément essentiel quand on l’a trouvé en quelques secondes sur Google.

C’est la même chose avec ChatGPT ou Claude. Ces outils aident à structurer un projet et à clarifier des tâches. La décharge cognitive est réelle. Quand on vibecode, on a l’impression que tous les problèmes vont trouver une solution.

Mais attention : utilisée comme une simple béquille, l’IA peut coûter cher si l’on ne prend pas l’habitude de structurer son apprentissage continu. C’est là que le TIL (Today I Learned) devient essentiel. Chaque prompt est une opportunité d’apprendre quelque chose de nouveau sur le code ou sur une technologie.

L’idée est simple : profiter du temps libéré par la génération automatique pour expérimenter et apprendre. Comme il est moins pénible de tester de nouvelles approches, on multiplie les occasions de les mettre en pratique.

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Passez à l’action. 

1) Bloquez un créneau TIL hebdo. 

2) Passez un QCM WeLoveDevs

3) Contribuez une question pour transformer votre apprentissage en ressource partagée.

L’apprentissage continu développeur devient alors un avantage durable dans votre carrière.

 

Nous sommes contents d’avoir pu aborder ce sujet. Les soft skills sont encore plus centraux dans la vie des développeurs en 2025. Et la capacité d’apprendre ou la pédagogie sont clairement deux compétences qui permettent d’exceller dans votre carrière IT.

Pensez à nous suivre sur LinkedIn pour une veille qui vous aide dans votre carrière professionnelle. Merci pour votre lecture.

Damien Cavaillès

Auteur Damien Cavaillès

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