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Valérie Dang Vu – Développeuse web après 50 ans, elle raconte son parcours.

Valérie Dang Vu – « Dans mon esprit, il fallait forcément passer par la case école d’ingénieur ou être un geek derrière son ordinateur, enfermé dans sa chambre et développant depuis son plus jeune âge ».

 

Aujourd’hui, on part à la rencontre de Valérie Dang Vu ! Valérie a tellement d’audace qu’elle ne peut que vous inspirer sur ce point là. J’aimerai, à 50 ans, avoir autant la soif d’apprendre qu’elle.

Et c’est bien ce que son témoignage va vous inspirer : on n’arrête jamais d’apprendre et d’incarner. De plus, Valérie cumule plusieurs casquettes dans ce nouveau projet professionnel si moderne : elle est mère, femme, dev et apprenante. Je vous laisse découvrir cette femme confiante; qui a la volonté de transmettre à sa fille comment tracer son sillon dans la tech (si elle souhaite prendre cette voie là en grandissant).

Tout bonnement épatant ! Bonne lecture !

Marcy.

Valérie recherche une alternance en développement web. Si son profil vous intéresse, vous pouvez la retrouver sur son Linkedin 💙 : https://www.linkedin.com/in/valerie-dangvu/

 

  • Qu’est-ce qui t’a motivé·e à te reconvertir ? (ou devenir dev) ?

Cela faisait 11 ans que je travaillais dans l’immobilier, en tant qu’indépendante. Lorsque vous travaillez au sein d’un réseau, vous n’avez pas d’autres possibilités que de travailler avec un statut de travailleur indépendant. 

Ce statut n’est pas intéressant du tout, car il coûte très cher en charges et taxes avec très peu de contreparties en face, très peu de possibilités d’optimisation et il ne permet pas de se construire un patrimoine professionnel.

Fin 2018, j’étais en train de finaliser ma compta que je trouvais fastidieuse ainsi que les diverses déclarations. C’est à ce moment-là que j’ai décidé qu’il fallait que ça change.

Changer OK. Mais pour faire quoi ? Instinctivement, je me suis mise en mode radar à idées et opportunités. C’est fin 2019 que je découvre un article de journal qui parle des seniors qui se reconvertissent dans le numérique et notamment dans le développement web.

J’y découvre alors, que les quadras et les quinquas, débutants dans le développement web, ont l’avantage d’apporter leurs expériences du monde de l’entreprise et leurs expertises métiers. Dans mon esprit, il fallait forcément passer par la case école d’ingénieur ou être un geek derrière son ordinateur, enfermé dans sa chambre et développant depuis son plus jeune âge.

Dans cet article, il y avait une liste d’écoles qui forment au développement web en 3 à 24 mois. Je les ai toutes contactées et d’autres encore. Lorsque c’était possible, j’allais à leur rencontre, j’assistais aux réunions d’information, aux entretiens individuels, aux démos days. Je m’imprégnais de l’esprit, du vocabulaire pour m’assurer que tout cela résonnait bien en moi.

J’ai réalisé tous les tests de logique que l’on me proposait. Et comme je les réussissais (sauf celui de l’école 42), j’ai eu les premiers signes qui m’ont permis de comprendre que je possédais l’esprit logique de base pour aller plus loin.

J’ai échangé avec des élèves qui sortaient de formation ainsi qu’avec des professionnels plus avancés pour comprendre ce qu’ils vivaient au quotidien et comment ils vivaient leur métier.

Une école m’a proposé de m’entraîner sur ce qu’ils appellent le mois zéro. Cela consiste à coder pour ne pas arriver complètement vierge le premier jour de la formation.

Puis le confinement est passé par là. Je me suis alors inscrite chez OpenClassrooms ainsi que AppBrewery, un bootcamp anglo-saxon, histoire d’apprendre avec deux approches différentes. Ce que j’ai vécu durant ces heures d’apprentissage, toute seule derrière mon écran, m’a beaucoup plu.

À la sortie du confinement, j’ai participé à une formation courte avec l’école Simplon et l’Apple Foundation Program. Dans cette formation, en téléprésentiel, nous avons construit un prototype d’application en équipe. J’ai trouvé cela très instructif et très stimulant.

 

  • Comment l’a vécu ton entourage ? (ou comment ton entourage perçoit ton travail vs le précédent)

À quelques exceptions près, plutôt bien.

Il y a eu quelques interrogations, reproches ou de l’indifférence. Rien de bien méchant.Il y a mon père qui est très inquiet quant à ce projet. Une reconversion dans ma situation de maman solo et à mon âge ne fait pas partie de son référentiel ni de son époque. Malgré tout, même s’il n’est pas du tout rassuré et qu’il ne comprend pas ma démarche, j’ai tout son soutien.

Ce sont surtout mes amis de culture anglo-saxonne ou sensibles à cette culture qui m’encouragent le plus. Nos échanges concernant ce projet me sont d’une grande aide dans mon cheminement.

  • En tires-tu une satisfaction personnelle ?

Mon parcours a toujours été jalonné de nouveautés et j’ai toujours trouvé cela stimulant.D’abord, je suis très satisfaite d’oser et d’avancer malgré les obstacles que je rencontre. Ensuite, je suis ravie de ce renouveau.

  • Prends-tu ça comme un challenge ou une opportunité (ou les deux) ?

Les deux.

Mon challenge est de faire accepter mon genre et mon âge. De convaincre que mon profil peut apporter une véritable plus-value au sein d’une entreprise.

Pour l’instant, j’ai l’impression que c’est la phase la plus dure que de m’adapter et d’apprendre de nouvelles compétences. L’opportunité est de vivre dans une époque où il existe des solutions pour se former, progresser, changer.

Tout ceci était encore inenvisageable, il y a à peine 15 ou 20 ans.

  • Comment ton projet pro se définit-il ?

C’est à moitié un projet pro à proprement parler. Je parlerai plutôt d’un projet de vie. À mon âge, on ne se construit plus un plan de carrière. À l’heure actuelle, je suis en train d’investir pour les 15 ou 20 ans de vie professionnelle qui me reste. Et très certainement bien au-delà. Beaucoup de retraités continuent à travailler en tant que freelances pour le plaisir ou par besoin. J’espère que je serai également en mesure de le faire.

  • Est-ce que la reconversion est compatible avec la parentalité ? Ce n’est pas un challenge, une responsabilité supplémentaire vis-à-vis de sa famille ?

De mon point de vue, une reconversion peut être tout à fait compatible avec la parentalité. Tous les voyants ne sont pas forcément aux verts, alors on fait preuve d’imagination et de créativité pour contourner les différents obstacles que l’on rencontre sur sa route. Aujourd’hui, en 2020, nous avons tous les outils pour être mobiles, agiles à tout point de vue. Je me sentirais irresponsable vis-à-vis de ma fille si je continuais à m’accrocher à l’Ancien Monde.

  • La reconversion est-elle un vecteur de transmission envers tes enfants ?

J’ai une petite fille de 10 ans qui vit ce nouveau projet avec beaucoup d’enthousiasme.Nous en avons beaucoup parlé en amont afin qu’elle ne le subisse pas.Elle me voit coder presque chaque jour. Elle s’intéresse à ce que je fais. Je l’ai donc initié à Scratch. Et elle s’est prise au jeu. Comme c’est une gameuse durant son temps libre, cela lui sera très certainement utile par la suite.

Elle comprend également que dans une vie, nous pouvons avoir plusieurs vies. Qu’on peut en changer, à n’importe quel âge. Elle voit bien que ça n’est pas simple tous les jours, mais qu’il faut s’en donner les moyens, trouver les moyens. Et c’est cet état d’esprit que je souhaite lui transmettre.

  • Es-tu ouverte à la mobilité en France suite à de nouvelles opportunités professionnelles ?

Je suis revenue sur Paris il y a seulement quelques jours, après un passage sur Lyon de 3 ans. La capitale me semble être la ville qui me donnera le plus de chance pour réussir ma reconversion. Mais comme je suis à l’écoute, si une opportunité en Province devait se présenter, c’est une question que j’étudierai avec beaucoup d’attention.

  • Trouves-tu qu’il est facile de se reconvertir en tant que femme ?

Disons que je ne suis pas qu’une femme. Je suis maman d’une pré-ado et une professionnelle également. Je suis tout cela à la fois. Et il faut faire rentrer tous ces rôles dans une seule journée. Alors, non, ce n’est pas facile tous les jours.

Je fais souvent le lien avec l’entrepreneur qui doit dans une journée faire du management, le commercial avant-vente, puis après-vente, du recrutement. Et à la fin de sa journée, il doit faire sa compta, son administratif.

Il faut switcher de l’un à l’autre et s’adapter rapidement en longueur de temps. La qualité de l’entourage et de l’environnement a un rôle prépondérant durant cette phase.

 

  • Ton âge est-il un frein ?

Pour ma part, non car j’ai bien l’impression de vivre avec mon époque et que dans mon esprit je n’ai pas l’âge de mes artères. À mon âge, je n’ai pas encore dit mon dernier mot, j’ai encore beaucoup de choses à faire, à réaliser, à apprendre, à transmettre, à partager.Je me sens parfois bien plus jeune que certains jeunes.

Mais je ne suis pas toute seule. Dans ma recherche d’alternance, j’ai très certainement face à moi des recruteurs qui, sur des non-dits, ne voient pas la chose du même oeil.

 

  • Si tu pouvais modifier 3 choses liées à ce nouveau chapitre de ta vie, lesquelles seraient-elles ?

Pourquoi le contrat d’apprentissage d’un moins de 25 ans serait bien plus avantageux qu’un contrat de professionnalisation d’un plus de 25 ans. Il s’agit pourtant d’une alternance dans les deux cas. Le gap est beaucoup trop important entre ces deux contrats.

Je suis tout à fait d’accord pour soutenir notre jeunesse, mais dans une France où la population vieillit, où l’on vit de plus en plus vieux et en meilleure santé, où l’on s’attend à un recul de l’âge de la retraite, on ne peut pas autant négliger une partie de cette population. Elle doit également avoir sa chance.

Quand on parle d’une société plus inclusive avec plus de mixité, notre gouvernement ne donne vraiment pas l’exemple. Et lorsque comme moi, on est cumulard, c.-à-d. femme et senior, cela peut être très compliqué.

L’exemple doit venir d’en haut. Normalement, l’alternance devrait servir à accueillir des personnes en formation, venue pour apprendre en entreprise, en situation réelle. Ça, c’est de la théorie. Lorsque je lis les annonces, j’ai l’impression qu’il faut être déjà très expérimenté. Cela me paraît être un non-sens. Cela me donne l’impression que l’alternance devient un outil pour recruter à moindre coût.

Lorsque j’envoie une candidature spontanée et que je reçois une réponse négative au bout de 2 secondes et demie avec la mention “malgré la qualité de votre profil”, je vois bien qu’en 2020 le recrutement n’a pas changé et cela me navre. Les entreprises ne respectent pas les candidats, mais elles veulent une grande implication des futures recrues en retour. 

  • Un mot de la fin, Valérie ?

Se reconvertir, ce n’est pas forcément un moment très confortable. C’est quelque chose qui se prépare bien en amont. Si nécessaire, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide à des professionnels qui nous aideront à cheminer, à valider notre projet. Il faut être très à l’écoute même des propos qui ne nous font pas plaisir. Cela fait partie des ingrédients qui nous permettent aussi d’avancer. Chacun ira à son rythme, en fonction de soi et de ses contraintes personnelles. Il faut savoir prendre des itinéraires bis (Bison futé, ça parle à ceux de notre génération 😉). Et comme disait Jacques Brel : « Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et la furieuse envie d’en réaliser quelques-un ».

Allez ! Haut les coeurs !

Marcy Charollois

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