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Il existe de très nombreux développeurs sur le marché, et comme dans tout métier, il y a de tout. L’idée de cet article est justement de vous fournir des billes pour trier le bon grain de l’ivraie.

Bien analyser les CVs

Il existe un fléau dans le monde de l’informatique, à savoir les recruteurs qui font grep sans chercher plus loin. Je me suis moi-même déjà fait avoir par un tel recruteur, qui voulait absolument un développeur ayant déjà fait du Struts. Je lui ai dit que je pouvais m’adapter, que ce n’était pas un problème, mais rien à faire, il lui fallait absolument un gugus qui connaissait Struts. Enfin bref le genre de personne pour qui anglais, english et englisch sont trois choses différentes.

Face à ça bon nombre de développeurs ont pris pour habitude de gonfler leur CV. Dès lors pour s’y retrouver il convient de mettre en regard les compétences qui ont été développées au fil des missions, et celles déclarées. En cas de différence trop importante méfiance.

Dans la même veine il convient de rechercher les incohérences dans les compétences déclarées. J’ai déjà vu un CV où la personne avait écrit XmlHttpRequest dans la liste des compétences, ce qui n’a pas vraiment de sens. Elle aurait écrit « développement d’applications utilisant Ajax », ça aurait montré une meilleure compréhension de la technologie. Pour cette partie vous aurez probablement besoin de vous faire aider de quelqu’un maîtrisant la technique si vous ne la maîtrisez pas vous-même.

Les bons développeurs mentent rarement sur leur CV

Les développeurs vraiment talentueux mentent rarement sur leur CV et auront plutôt tendance à lister les compétences qu’ils maîtrisent vraiment, plutôt que celles qu’ils ont vu à un moment donné mais auxquelles ils n’ont jamais retouché par la suite. Ça fait que dans les faits un (très) bon développeur peut paradoxalement avoir une liste de compétences bien moins remplie que les autres. Comme dit l’adage, la science est comme la confiture, moins en en a, plus on l’étale.

Les diplômes et certifications

On ne le dira là encore jamais assez, mais les diplômes et certifications n’indiquent en rien le niveau réel d’un développeur. Il s’agit en effet d’un métier d’autodidacte avant tout qui s’évalue sur la curiosité des gens et pas sur les morceaux de papier toilette que peut vous présenter la personne.

Vous recevez la personne en entretien

Voilà l’étape suivante, vous avez sélectionné la personne sur son CV, et maintenant il va falloir vérifier que tout ce qu’elle annonce est absolument véridique. Par exemple pour chaque compétence annoncée sur le CV demandez déjà à la personne comment elle s’évalue. L’étape suivante consiste à poser des questions en poussant la personne dans ses retranchements (en fait quelque soit la réponse fournie à l’étape précédente). Par exemple pour Hibernate voici des questions que vous pourriez poser :

  1. Quelle est la différence entre lazy et eager ?
  2. Présentez-moi les différents caches d’Hibernate
  3. Quels sont les états possibles d’un objet en Hibernate ?
  4. Qu’est-ce que le dirty checking ?
  5. Doit-on nécessairement appeler un save() pour sauver une entité déjà en état persistant ?
  6. À quoi doit-on faire attention quand on mappe des collections en OneToMany ?

Notez où la personne s’arrête. À ce moment posez une ou deux autres questions du même niveau pour vous assurer que vous avez vraiment atteint sa limite et passez à un autre domaine. Ne cherchez par contre jamais à stresser les gens car ça pourrait vous faire passer à côté de la perle rare.

La personne se présente comme experte dans un domaine…

La version davantage gonflée de la personne experte est celle qui tient un discours du type : « vous voyez je suis expert certifié XXX ». Dans ce cas vous pouvez directement passer sur les questions assez hardcore, comme par exemple pour un développeur Java certifié vous pouvez directement lui demander de vous décrire les différents algorithmes de garbage collection ou encore ce qui arrive lorsque vous utilisez une HashMap en environnement multithread. (Je vous donne la réponse : vous pouvez faire fumer votre serveur, si si, cf. mon tout premier article sur JobProd 😉 )

Dans tous les cas n’hésitez pas à cuisiner les gens, il n’y a que comme ça que vous pourrez identifier les vrais talents des personnes.

Les meilleurs développeurs se présentent rarement comme des experts

Ce point peut paraître paradoxal mais les meilleurs développeurs se font souvent humilier et ce pour une raison très simple : ils dérangent l’ordre établi et risquent d’être harcelés pour ce simple motif, ce qui va diminuer leur estime de soi. Nombre d’entreprises préfèrent prendre des développeurs moyens justement pour ne pas faire de vagues. Et vous savez quoi ? Si sur la première génération de développeurs vos gens sont « moyens », par la suite ils prendront des gens qui sont moyens pour eux, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’au bout du compte vous vous retrouviez avec d’authentiques boulets. En effet si on suit l’algorithme du niveau moyen on tombe au bout d’un certain nombre de générations sur un truc du style :


niveau(n) = moyen<sup>n</sup>(niveau_depart)

C’est d’ailleurs pour cette raison que le regretté Steve Jobs (bon je ne suis pas vraiment fan de lui mais quand même il disait des fois des trucs justes) disait : Make sure you’re hiring only A-players. Hire a few B-players, he said, and they hire B’s and C’s, and pretty soon the whole operation is going to pot. Vous connaissez le film Idiocracy ? Ben en fait c’est la même chose dans de nombreuses entreprises…

C’est pour cette raison que ce qui compte vraiment, ce sont les réponses que vous obtenez à vos questions et en aucun cas le niveau que prétend avoir la personne en face de vous.

Vous avez trouvé la perle rare…

Autant le dire de suite, les bons développeurs ne sont clairement pas les moins chers, de manière générale. Enfin du moins ceux avec un peu de bouteille, les juniors n’ayant généralement pas conscience de leur niveau réel. Aussi une fois que vous avez trouvé un (vraiment) bon développeur n’hésitez pas à allonger l’argent, sinon la personne n’hésitera pas à aller voir ailleurs… et elle aurait bien tort car vous n’êtes certainement pas la seule entreprise à vouloir la recruter.

Le cas du recrutement de prestas en SSII

Entendons-nous bien, cette pratique est généralement illégale et relève du prêt de main d’oeuvre illicite ou du délit de marchandage. Bref il y a de fortes chances que les CV aient été plus ou moins pipeautés par des commerciaux, et les pauvres prestas trop stressés n’oseront pas le dire (quoiqu’ils devraient mais bon là c’est une autre histoire). Autrement dit il faut regarder avec d’autant plus de circonspection un CV dossier de compétences (oui vous avez vu comment le monde du travail est un marché de dupes et la terminologie employée pour contourner la loi ???) qu’il a de fortes chances d’être pipeauté.

Au besoin si vous identifiez un vrai décalage entre ce qui est écrit sur le CV et les compétences réelles du prestataire il peut être comique de demander innocemment à l’un ou l’autre des interlocuteurs si par hasard le CV n’aurait pas été modifié pour les besoins de l’entretien… 😉

En bref…

Prenez votre temps pour recruter des développeurs. N’hésitez pas à prendre le temps d’approfondir techniquement, d’autre part ça mettra votre interlocuteur en confiance si c’est un développeur vraiment passionné (ce sont généralement les meilleurs) tout en faisant fuir les autres. Et une fois le bon trouvé n’hésitez pas à allonger les thunes, un bon développeur peut en effet en valoir plus de cent moyens. Ce n’est pas moi qui le dis, mais Paul Graham dans son article Great Hackers.

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Julien
Moi c’est Julien, ingénieur en informatique avec quelques années d’expérience. Je suis tombé dans la marmite étant petit, mon père avait acheté un Apple – avant même ma naissance (oui ça date !). Et maintenant je me passionne essentiellement pour tout ce qui est du monde Java et du système, les OS open source en particulier.

Au quotidien, je suis devops, bref je fais du dév, je discute avec les opérationnels, et je fais du conseil auprès des clients.

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