CMake est un outil de build dans la même veine que ant
ou encore make
, sauf qu’il se place à plus haut niveau. Il a l’avantage d’être plus convivial à utiliser que make
et est utilisé par de gros projets dont KDE depuis dix ans. On peut donc dire qu’il est devenu stable.
Débloque les + belles offres tech en 10 mins
En fait un des gros avantages de CMake est qu’il ne permet pas que de générer des Makefile
, mais aussi les fichiers de projets pour les principaux IDE tels que Code::Blocks ou encore Visual Studio pour ceux d’entre vous qui utilisent encore Microsoft Windows.
Dans la suite on va voir comment utiliser CMake pour un usage basique, ainsi que pour un usage plus avancé. On part également du principe que vous utilisez un vrai système même si CMake existe aussi sous Windows. A noter qu’ici on a construit nos exemples à partir de CMake 2.6 car de nombreuses entreprises sont sur des plateformes qui ont encore cette version, dont les RHEL 6.x où x est inférieur strictement à 6.
Tout comme ant
ou make
, CMake a ses propres fichiers pour le build. Chacun de ces fichiers est dénommé CMakeLists.txt
.
Contrairement à make
ou ant
il n’est pas nécessaire d’avoir un fichier CMakeLists.txt
par dossier. En fait vous pouvez parfaitement vous contenter d’un fichier à la racine, même si dès lors que vous devez compiler des sources il est fortement recommandé d’avoir un fichier CMakeLists.txt
par dossier de sources.
Pour la suite, on va imaginer un projet dont le layout est le suivant sur votre gestionnaire de sources :
<root>
|-- scripts
| `-- foobar.sh
`-- src
|-- foo.h
|-- bar.h
|-- foo.c
`-- bar.c
Sur le projet présenté ci-dessus, on aura typiquement un fichier CMakeLists.txt
à la racine du projet, ainsi qu’un autre sous le dossier src/
qui contient les sources C à compiler.
CMakeLists.txt
de la racine du projetLe fichier CMakeLists.txt
contiendra typiquement des instructions sur comment « installer » le projet, autrement dit son chemin d’installation, et indiquera également les sous-dossiers à traiter. Son contenu pourrait être :
cmake_minimum_required(VERSION 2.6)
if(NOT MYDESTDIR)
set(MYDESTDIR /foo/bar)
endif()
project(foo C)
install(DIRECTORIES scripts DESTINATION ${MYDESTDIR})
add_subdirectory(src)
La première ligne indique que pour que le script tourne, il faut au minimum CMake 2.6. Le bloc if() permet de définir la variable MYDESTDIR si et seulement si elle n’est pas déjà définie lorsqu’on lance une ligne de commande CMake.
La ligne project
permet de spécifier le nom du projet, mais surtout son langage, ici du C. Par défaut CMake supporte le C, paramètre C
, et le C++, paramètre CXX
. Cependant il est parfaitement possible d’en utiliser d’autres.
La ligne install
sera traitée lorsqu’on fera un make install
, et dit d’installer le dossier scripts
dans MYDESTDIR. A noter que si on avait écrit scripts/
avec un slash à la fin, ça aurait signifié qu’il fallait installer le contenu du dossier scripts dans MYDESTDIR.
Enfin la ligne add_subdirectory
indique à CMake qu’il doit ensuite traiter le fichier CMakeLists.txt
du sous-dossier src
. Un truc important ici est que les variables définies dans un fichier CMakeLists.txt
parent sont visibles au niveau des enfants.
CMakeLists.txt
du sous-dossier srcDans le fichier CMakeLists.txt
du sous-dossier src on voudra typiquement compiler des fichiers C. Son contenu pourrait être :
SET(MYHEADERS *.h)
SET(MYSOURCES *.c)
add_executable(foo ${MYHEADERS} ${MYSOURCES})
install(TARGETS foo DESTINATION ${MYDESTDIR}/bin)
Les deux premières lignes du fichier ne sont pas indispensables mais permettent de mettre dans des variables la liste des fichiers .h et la liste des fichiers .c.
La ligne add_executable
permet de créer l’exécutable foo
à partir des fichiers sources en paramètre. Cette commande crée aussi une cible au niveau du Makefile généré qui sera invoquée par d’autres tâches.
Enfin la commande install
, qui est utilisée lors du make install
, indique qu’il faut prendre le résultat de la cible foo
et l’installer dans le sous-dossier bin de MYDESTDIR.
Une fois tous ces fichiers créés, on va créer un sous-dossier build
situé sous le dossier racine, en effet il ne s’agit pas de polluer nos sources. Placez-vous ensuite dans ce dossier build, puis tapez :
cmake ..
Si tout se passe bien vous devriez voir un Makefile apparaître, ainsi que tout un tas de fichiers qui n’ont finalement que peu d’importance pour nous. Ensuite vous pouvez compiler votre projet en tapant :
make
Si tout va bien vous verrez votre exécutable apparaître dans un sous-dossier appelé src
.
Enfin pour finir de tester vous pouvez taper :
make install DESTDIR=.
Ici vous verrez une arborescence foo/bar apparaître sous votre dossier de build, avec l’exécutable généré et les scripts.
Comme indiqué plus haut on peut notamment générer des fichiers de projets pour différents IDE avec CMake. Par exemple pour Code::Blocks la commande à taper est :
cmake -G "CodeBlocks - Unix Makefiles"
Vous trouverez la liste des formats possibles ici.
Pour la suite on part du principe que vous utilisez un Linux RedHat ou CentOS. Les fichiers de modules CMake sont donc dans /usr/share/cmake/Modules. Vous devrez adapter ce chemin suivant votre propre installation.
Par ailleurs l’exemple donné fonctionne avec CMake 2.6. Les adaptations pour les versions ultérieures sont indiquées.
Il est parfaitement possible de créer votre propre bibliothèque de fonctions CMake. Pour ce faire, il suffit de placer un fichier avec l’extension .cmake
dans le dossier de modules de CMake, dans notre cas /usr/share/cmake/modules
. Si vous distribuez votre code pensez à distribuer également vos règles CMake utilisées pour le construire !
Partons de l’exemple ci-dessus. Imaginons qu’on n’ait plus envie de taper les lignes add_executable
et install
du fichier CMakeLists.txt
du sous-dossier src/. On peut tout à fait créer une bibliothèque CMake pour ça. Pour ce faire, il suffit de créer un fichier nommé MyLibrary.cmake
et de le placer dans le dossier de modules.
Le contenu de ce fichier serait quelque chose comme :
macro(build_my_exec)
cpack_parse_arguments(MYARG "TARGET;SOURCES;DESTINATION" "" ${ARGN})
if(NOT MYARG_TARGET)
message(FATAL_ERROR "You must specify the target parameter")
endif()
if(NOT MYARG_SOURCES)
message(FATAL_ERROR "You must specify the sources parameter")
endif()
if(NOT MYARG_DESTINATION)
message(FATAL_ERROR "You must specify the destination parameter")
endif()
add_executable(${MYARG_TARGET} ${MYARG_SOURCES})
install(TARGETS ${MYARG_TARGET} DESTINATION ${MYARG_DESTINATION})
endmacro(build_my_exec)
La ligne macro() permet de déclarer la fonction. Rien de spécial à dire dessus.
La ligne en dessous, cpack_parse_arguments est bien plus intéressante. En fait elle permet de séparer les arguments passés à la fonction de telle sorte qu’on puisse l’invoquer avec un nombre arbitraire d’arguments par paramètre donné. Pour faire plus clair, si on a 5 fichiers sources on pourrait tout à fait invoquer notre fonction de la manière suivante :
build_my_exec(TARGET foo SOURCES 1.c 2.h 3.c 4.c 5.h DESTINATION /usr/bin)
Un tel mécanisme ne serait pas possible sans paramètre nommé. Par ailleurs comme vous pouvez le voir, les variables générées suivent le pattern PREFIX_NOMPARAM
où PREFIX est le nom du premier argument passé à la fonction cpack_parse_arguments, et NOMPARAM correspond au nom du paramètre de la fonction.
Attention : cpack_parse_arguments
n’est pas une fonction officielle de l’API CMake, par conséquent elle pourrait disparaître à tout moment. Dès lors si vous utilisez CMake 2.8 et plus, utilisez plutôt CMakeParseArguments, plus complet et qui surtout est une API officielle. L’utilisation de cette dernière commande est semblable à cpack_parse_arguments.
Vous n’êtes pas obligé d’utiliser une commande comme cpack_parse_arguments, vous pouvez parfaitement utiliser brutalement les arguments donnés en paramètres. Mais il faut reconnaître que c’est tout de même une bonne pratique de le faire dès lors que vous avez à faire une distinction entre les différents arguments passés à votre fonction.
Sur la suite il n’y a pas grand chose à dire, ce sont des sanity checks pour vérifier que les paramètres sont bien passés, et ensuite les lignes add_executable
et install
vues plus haut.
Une fois le fichier créé et proprement enregistré, on revient sur notre projet exemple. Dans le fichier CMakeLists.txt
à la racine du projet, on déclare qu’on utilise notre librarie. Pour ce faire on donne la directive :
include(<MyLib>)
Cette commande indique à CMake qu’il faut utiliser les fonctions incluses dans le fichier /usr/share/cmake/modules/MyLib.cmake
.
Dans notre cas le fichier deviendrait :
cmake_minimum_required(VERSION 2.6)
<strong>include(MyLibrary)</strong>
if(NOT MYDESTDIR)
set(MYDESTDIR /foo/bar)
endif()
project(foo C)
install(DIRECTORIES scripts DESTINATION ${MYDESTDIR})
add_subdirectory(src)
Là où ça devient sympa, c’est au niveau du fichier CMakeLists.txt
du sous-dossier src/. Ce dernier est réduit de beaucoup et devient :
SET(MYHEADERS *.h)
SET(MYSOURCES *.c)
build_my_exec(TARGET foo SOURCES ${MYHEADERS} ${MYSOURCES} DESTINATION ${MYDESTDIR}/bin)
Evidemment l’exemple donné est relativement trivial, mais dans la vraie vie on peut s’économiser pas mal de temps en créant ses propres librairies.
CMake est un système de build supplémentaire mais qui a l’avantage d’être concis et plutôt sympa à lire. Il est actuellement bien utilisé dans de nombreux projets open source dont KDE, et tend globalement à remplacer petit à petit les autotools. On ne s’en plaindra pas, car là où il suffit d’apprendre un seul langage pour CMake, pour les autotools il y en avait 8.
Pour ceux qui veulent une référence voici un lien vers la documentation de CMake 2.6 ainsi qu’un lien vers la documentation de la dernière version à l’heure de l’écriture de ce billet, la 3.3..
Débloque les + belles offres tech en 10 mins
Cet article vous a plu ? Vous aimerez sûrement aussi :
Julien
Moi c’est Julien, ingénieur en informatique avec quelques années d’expérience. Je suis tombé dans la marmite étant petit, mon père avait acheté un Apple – avant même ma naissance (oui ça date !). Et maintenant je me passionne essentiellement pour tout ce qui est du monde Java et du système, les OS open source en particulier.
Au quotidien, je suis devops, bref je fais du dév, je discute avec les opérationnels, et je fais du conseil auprès des clients.
Elles sont passées où les femmes dans la tech ? Entre le manque de représentation…
Dans cette vidéo, on interview Nicolas Grekas, contributeur clé de Symfony, pour discuter de sa…
Comment trouver son job dans la tech ? Marie a la réponse ! Grâce à…
Adobe, l'empire créatif, et pas des moindres ! Belle ascension de la part de ces…
Est-ce plus simple de créer des morceaux avec les outils de Musique Assistée par Ordinateur…