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Portrait d’un Développeur en Télétravail : Romain

Aujourd’hui, c’est le premier jour de grève. Ici, à Lille, on a deux lignes de métro et l’une d’entre elle est à l’arrêt. Du coup, trois des collaborateurs de welovedevs sont en télétravail forcé aujourd’hui, Nico fait du montage chez lui. Vous me direz, une équipe avec un développeur en télétravail, ce n’est pas hors du commun. Ma compagne m’a pris mon vélo électrique pour aller à Roubaix. Mes amis automobilistes s’inquiètent des bouchons. Les journalistes ne parlent que de télétravail depuis 10 jours. Alors, je me suis dit que j’allais me poser ici, avec mon plaid et vous raconter mon échange avec Romain la semaine dernière. Romain ne s’appelle pas Romain, les prénoms, les postes et les villes ont été changés, pour que je puisse vous rapporter tout ce qui a été abordé dans cette conversation.

Pourquoi cette conversation ?

J’ai voulu discuter avec Romain de vive voix, parce qu’il fait du télétravail, mais il va aussi au co-working. Cela m’a paru curieux. Le télétravail est un concept qui change beaucoup de forme. Pour certains il s’agit de travailler à la maison pour d’autres de travailler dans une autre ville. En ce moment, je récolte des témoignages pour enrichir ma conférence « 10 méthodes pour rendre les développeurs heureux ». Je suis content de partager ce type de témoignages au fur et à mesure pour enrichir les contenus de la catégorie QVT sur WeLoveDevs.com.

A propos de lui

Romain est indépendant, mais il travaille depuis 3 ans chez ce client, un grand groupe très connu, dans ce département, dans cette équipe. Il renouvelle tous les 6 mois. Du coup, je me demande spontanément s’il est nécessaire d’être en freelance pour faire du remote. Et la réponse est oui. Au début dans son équipe il y avait deux externes placés par des grandes SSII, en « near-shore depuis des villes de province » : « Mais les cadres en costume-cravate, ils comprenaient pas pourquoi notre plateau à la défense est vide ». Du coup, même si ce n’est pas le motif, ils n’ont pas été renouvelés à la fin du contrat de régie. Romain est le seul en remote à plein temps, mais c’est le Lead Dev, il connait tout le projet depuis longtemps.

A ce moment de la conversation, une oreille pointue entre dans le champ de la webcam. Romain est chez lui, dans son bureau et son chat a rejoint la conversation : « Il est attiré par la voix d’un humain qu’il ne connait pas. Si je fais pas de Skype, il vient même pas me voir ».
Du coup je re-centre la conversation : « Qu’est-ce qui te motive à faire du télé-travail ? ». Romain me raconte qu’ils avaient pris l’habitude de travailler régulièrement de chez eux quand il était en startup. Aujourd’hui, travailler à la maison, ça lui permet, entre midi et deux de faire beaucoup de ménage, de prendre soin de sa maison. Ce qu’il n’avait pas le temps de faire avant. Et il gagne beaucoup de temps de transport. Son Cowork est à 13 minutes en trottinette.

Le « cowork »

Il aime beaucoup son coworking parce que ça lui permet d’avoir une vie de bureau, et une limite claire entre la maison et le bureau. C’est un lieu où il travaille. Romain me fait l’éloge de ce mode de coworking : « Ce n’est pas un cowork grand public où il y a du passage, c’est privé ici ». Les bureaux sont loués par une TPE qui sous-loue quelques postes à des travailleurs indépendants : « J’en ai pour 150€ par mois. Y’a un cowork de luxe en ville, il est à 350€ et tu as un sauna et des massages ».

Vivre en région

Mais alors pourquoi vouloir s’installer à Angers : « Je suis venu ici pour suivre ma copine ». Romain m’explique qu’il est libre d’aménager son temps de travail. Clairement il aime travailler le soir, quand il y a des rushs pour boucler le Sprint : « Mon wakatime est à au moins 20h semaine ». Quand j’étais indépendant, je peux vous dire que pour coder activement 20h trackés par Waka, ça me demandait 40h de travail par semaine. S’il a plus de deux réunions à faire, il ira au coworking pour être dans des bonnes conditions. Sa fiche de poste comprend une dimension « Responsable d’Application » ou « Delivery » et il doit passer 10h par semaine en réunion pour coordonner le travail et la mise en production avec les différents prises de parties.

Le tabou ultime : l’exclusivité

Mais du coup, il aime bien entre 13h et 15h faire des rendez-vous avec d’autres clients ou travailler sur des projets personnels. On arrive à un vrai sujet : l’exclusivité. Chez nous, Nicolas travaille avec des clients et il donne aussi des cours. Thomas est à temps partiel pour faire un peu de freelance ou travailler sur des projets persos. C’est important qu’ils puissent faire des choses en dehors de l’entreprise. En particulier parce que ça leur permet d’apprendre des choses qu’ils auraient pas développé forcément en travaillant uniquement chez nous. Romain partage ce sentiment, il veut avoir du temps en dehors, et clairement aucun salarié de ce grand compte ne peut le faire, c’est exclusivité totale du salarié.

Faisons le point

Du coup, là on a tout :

  • Travailler de la maison
  • Pour économiser le temps de transport (13 min avec son cowork)
  • Flexibilité dans les horaires
  • Pas d’exclusivité avec son employeur

Du coup, est-ce que c’est toujours nécessaire d’être freelance ?
« Si tu trouves un job équivalent, à 13 minutes de chez toi à Angers, avec horaires flexibles, possibilité de travailler chez toi régulièrement, et pas d’exclusivité avec ton employeur, est-ce qu’en CDI ça passe ? »

Et là on retombe sur deux obstacles : « Déjà, je pourrais pas y arriver en trottinette, avec mon pantalon boueux, je serais surement de retour dans ma voiture comme avant ». Donc la tenue, les contraintes sur l’apparence du monde de l’entreprise sont bloquantes. « Et la rémunération, c’est quasiment impossible ici. Là sur ma SARL, je facture plus de 100K par an ». Effectivement, c’est quasiment impossible de trouver ce type de poste dans sa région, où alors il sera condamné à aller travailler sur un siège social accessible uniquement en voiture.

Comment faire comme Romain ?

Romain a choisi d’être indépendant et il a de la chance d’avoir un client en IDF avec qui il a créé ce lien de confiance. C’est un entrepreneur aguerri, et il a fait preuve de courage et de compétence pour arriver à cet état. Il a réussi à tirer le meilleur du monde des startups et des grands groupes.

Ce que je me demande, c’est quel sera la prochaine étape pour Romain ? Que fera-t-il dans 3 ans ?
Pour Romain, il y avait 3 axes en dehors de la rémunération.
Premièrement, la flexibilité et le travail à la maison qui lui permettent de concilier ses temps de vie.
Ensuite, supprimer les déplacements pendulaires de son rythme quotidien.
Enfin, surement le plus tabou : la liberté de travailler en dehors de son employeur principal.

Pourtant, ce sont des choses que l’on peut faire dans toutes les entreprises. Il est vrai que l’on peut faire cela plus facilement dans les TPEs/PMEs.  Parce que l’on a un rapport plus direct entre l’employé et l’employeur, qui permet de construire une confiance plus grande. Cette confiance, ce rapport n’est pas là dans l’histoire de Romain. Romain a obtenu tout ça parce qu’il a une forte employabilité. Son entreprise valorise sa capacité à prendre des responsabilité. Aussi, ses compétences sont très recherchées. Enfin, c’est son expérience, précédente et actuelle qui le rend irremplaçable.

Il y a encore plus à dire sur le sujet

J’ai l’impression que le sujet du télétravail n’est pas abordé encore au complet dans ce portrait. Des questions restent en suspens et je voudrais les explorer dans d’autres portraits. Si vous acceptez que l’on en parle, envoyez moi un tweet ou un DM (ils sont ouverts) : @thedamfr. Je continue ce type d’entretien afin d’élaborer, d’enrichir le contenu de la V3 de « 10 méthodes pour rendre les développeurs heureux ». Je serais content de vous faire découvrir sur scène bientôt. ?

Passez une belle journée depuis chez vous aujourd’hui ! ?

Damien Cavaillès

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