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Les objets connectés et le fameux Internet of Things (IoT) ont bien le vent en poupe. Il s’agit d’objets bien souvent très chers, à l’utilité parfois discutable, mais si hype que de nombreuses personnes en achètent. Et pourtant s’ils sont bien propriétaires de la ferraille au demeurant fort polluante dont sont constitués ces objets, ils ne les possèdent pas vraiment, on va voir pourquoi.

La bidouillabilité, enjeu majeur

De manière générale, on ne peut se considérer vraiment propriétaire d’un objet que si on peut bidouiller celui-ci. Imaginez par exemple que vous achetez un logement, mais qu’on vous interdise de repeindre les murs parce que l’architecte a décrété que ceux-ci ne devaient pas être modifiés. Quelque part vous perdez en partie la jouissance de votre bien, étant donné que vous ne pouvez plus le modifier à votre guise.

La même chose s’applique pour l’informatique. Aux prémices des ordinateurs personnels, en particulier de l’Apple ][, ceux-ci étaient complètement personnalisables. L’exemple de la machine d’Apple est particulièrement révélateur : celui-ci était fourni avec les schémas électriques de la carte mère ainsi que toute la documentation permettant de créer par soi-même ses propres cartes filles. Il était par ailleurs doté de huit ports d’extension permettant à tout un chacun de jouer les électroniciens. Sur le plan logiciel la même chose s’appliquait, en témoigne le système d’exploitation Contiki qui peut parfaitement faire fonctionner ce genre de machines.

Le problème est que ce bon temps n’est plus. En fait ça a commencé dès la sortie du premier Macintosh qui ne pouvait être ouvert qu’avec des tournevis spéciaux. L’ère est à la miniaturisation, et la plupart des gens sont hélas insensibles à ces problématiques.

Tablettes et smartphones : des systèmes verrouillés

Dans la suite on va prendre l’exemple d’une tablette venant d’une coopérative fruitière, à savoir l’iPad d’Apple. Quand on observe de près cette dernière, on constate qu’elle ne peut que difficilement être ouverte. La faute notamment à la colle et aux vis spécifiques, ce qui fait qu’il faut pratiquement y aller à la ventouse pour démonter son propre appareil. De même si vous aimez le matériel Apple mais pas iOS vous en êtes pour vos frais étant donné qu’installer l’OS de Google sur cet appareil risque fortement de le rendre hors d’usage.

Vous me direz que cela n’a que finalement peu d’importance, ce qui vous intéresse est de pouvoir vous servir d’un bel objet, point barre. Certes, mais imaginez que la batterie arrive en fin de vie. Il vous faudra alors la remplacer. Comment ferez-vous alors que tout est collé à l’intérieur ? Vous irez voir Apple pour qu’ils la changent contre espèces sonnantes et trébuchantes ? Dans la même veine le jour où Apple décide que votre belle tablette n’est plus supportée par iOS vous ne pourrez plus jamais la mettre à jour par vous-même. C’est gênant étant donné que ces appareils sont avant tout destinés à être connectés à Internet, et que sans mises à jour ils deviennent rapidement vulnérables aux pirates.

Bref vous vous rendez compte que vous avez un appareil que vous ne pouvez ni entretenir, ni modifier par vous-même. C’est comme si on vous offrait un coffre-fort sans la clef. Vous êtes enfermé dehors, vous ne le possédez pas vraiment. Le vrai propriétaire de votre jolie tablette reste et demeure Apple, tout comme l’architecte de la maison dont vous ne pouvez repeindre les murs en demeure le proprio. Et pour la petite histoire dans certains cas le vendeur de l’appareil peut même désinstaller à distance certains de vos programmes. Ne riez pas, Google l’a déjà fait. Alors, vous vous sentez toujours propriétaire de votre bidule ?

Le cas des ultrabooks et autres Macbook

Dans la même veine que pour les tablettes la mode est aux ultra-books, ces ordinateurs portables ultra-fins. Le problème est que tous les composants sont soudés sur ces machines. Besoin d’ajouter de la mémoire vive car votre machine se met à ramer ? Désolé Monsieur (ou Madame) ce n’est pas possible. Bref pour tout changement sur ces machines la seule possibilité est de les remplacer intégralement.

Certaines de ces machines sont par ailleurs dotées d’une fonctionnalité nommée Secure Boot. Pour faire simple celui-ci repose sur des notions de cryptographie et permet de s’assurer que le système d’exploitation qu’on tente de charger n’a pas été infecté par un virus. Sauf que… ce système permet également de restreindre la liste des systèmes d’exploitation pouvant être installés sur une machine. Par exemple Debian GNU/Linux ne peut être installé sur une machine où cette fonctionnalité est activée. Ceci ne pose pas de problème tant que le Secure Boot peut être désactivé, mais ce serait de moins en moins le cas dans le futur. Dans un tel cas vous ne contrôleriez plus le système que vous pouvez installer sur votre machine, ni d’ailleurs l’OS en lui-même comme c’est déjà le cas chez Microsoft et Apple.

Le cas des objets connectés : le pire du pire

De plus en plus de personnes utilisent des objets connectés, que ce soient les lampes Philips Hue ou encore des hubs domotiques. À propos de ces derniers, on vient d’apprendre que Nest va éteindre ses hubs Revolv à distance. En effet ils se connectent à un serveur pour fonctionner, donc dès lors que ce serveur est débranché ils deviennent inutiles.

Un précédent existe avec les Nabaztag. Ces derniers ont été rendus inutilisables suite à la faillite de l’entreprise qui les avait conçus. Par le passé quand l’entreprise qui fabriquait un objet faisait faillite on pouvait tout de même continuer à profiter de celui-ci, mais maintenant avec l’IoT ce n’est hélas plus nécessairement le cas.

En bref

Les exemples ci-dessus ne font que rappeler une évidence : vous n’êtes propriétaire d’un appareil électronique que si vous pouvez le bidouiller par vous-même. C’était le cas des premiers ordinateurs ainsi que des PCs desktop, mais c’est de moins en moins le cas voire plus du tout pour d’autres appareils. Cette bidouillabilité inclut notamment la possibilité de modifier le matériel mais également le logiciel.

Cela dit la tendance s’applique à bien d’autres domaines. Par le passé remplacer les phares d’une voiture était trivial. Maintenant sur certains modèles seul un professionnel peut le faire et encore avec du matériel bien particulier…

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Julien
Moi c’est Julien, ingénieur en informatique avec quelques années d’expérience. Je suis tombé dans la marmite étant petit, mon père avait acheté un Apple – avant même ma naissance (oui ça date !). Et maintenant je me passionne essentiellement pour tout ce qui est du monde Java et du système, les OS open source en particulier.

Au quotidien, je suis devops, bref je fais du dév, je discute avec les opérationnels, et je fais du conseil auprès des clients.

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