Coucou chers lecteurices, j’espère que vous vous portez bien ! C’est Marcy qui reprend la plume et autant vous dire que le sujet que j’aborde en ce jour spécial fut l’un des plus touchy. Oui, parlons peu, parlons bien : aujourd’hui, c’est le mois des fiertés LGBTQIA+ qui commence ! Et pour en parler, je me suis lancée dans un petit tweet :
Bah oui, dans les faits : on se situe comment ? Maintenant, je crois que vous connaissez mon amour des safe places. Il est clair que sans l’aide certaine de toute notre communauté, je n’arriverais pas à écrire cet article. Pourquoi ? Parce que la diversité est l’affaire de tous. Je pourrais partir du principe qu’il est tout à fait normal que j’en parle seule. Cela pourrait fonctionner. Mais pour le coup, il est difficile pour moi de prendre la parole pour la catégorie que je représente dans la communauté LBGTQIA+, dont d’ailleurs, la lettre n’est pas apparente : il s’agit des pansexuels. Oui, oui, je suis pan !
Loin de moi l’idée de vous étaler ma vie, je veux surtout que vous compreniez que mon orientation n’a eu aucun impact négatif avec mes collègues (en même temps, WeLoveDevs en lui-même est une safe place quand on est LGBTQIA+). Aussi, qu’en tant que pan, je ne peux pas prendre la parole pour toutes les autres lettres de cette communauté. Cependant, en échangeant avec vous et grâce à vos témoignages, j’ai compris plusieurs choses :
Preuve avec AssessFirst qui s’est positionné sur la question. Dans la journée, le post de David Bernard, CEO et Fondateur, a été épinglé sur LinkedIn. Pourquoi ? Parce qu’il montre à l’extérieur les bonnes pratiques de l’intérieur. Oui, ça paraît bateau mais imaginez un peu : vous êtes LBGTQIA+ et vous savez que telle ou telle boîte est identifiée comme alliée de votre identité. Là où résidait la peur se trouve à présent la possibilité de vous sentir bien. Très bien même. AssessFirst fait figure d’exception dans cette course à la standardisation de la diversité sur la scène française métropolitaine. Là où les américains et les canadiens, elleux, arrivent à nous surpasser depuis un moment déjà. Et je parle bien sûr de la scène tech. Il y a juste à voir la communication interne de WeWork pour le comprendre.
D’ailleurs, étant une ancienne du retail, ayant travaillé en boutique comme en siège avec des plans d’animations commerciales, j’ai observé une nette différence. Les communautés LBTQIA+ y sont au contraire reconnues et célébrées. Là encore, je ne dis pas qu’il n’existe pas 0 discrimination, mais franchement : il y a beaucoup plus de visibilité de gay, bi, pan, queer, trans dans la mode et dans le commerce en général, que dans la tech.
Je me pose alors plusieurs questions : étais-je la seule à Euratechnologies à avoir dit ouvertement que j’étais pan ? Pourquoi n’ai-je pas de souvenirs d’autres personnes qui auraient assumé leur orientation lors de nos soirées ? Était-ce bien nécessaire que j’en parle ?
Je ne dirais pas son nom, mais un-e de mes collègues était ellui aussi dans la même situation que moi. Le fait que je me out lui a permis de m’envoyer un petit message privé plus tard dans la soirée. « Trop cool, toi aussi tu es pan ? » Incroyable. Je découvrais que je n’étais pas seule dans les effectifs. Encore mieux, j’avais des points communs avec cette personne qui étaient insoupçonnés. Aussi, on a pu parler de comment ma façon de me promouvoir sans honte, lui avait permis de le faire aussi auprès de moi.
Voilà pourquoi, et je le précise, vos témoignages me le confirment, il existe bien plus de diversité dans la tech que l’on ne le pense. En fait, il existe des personnes LGBTQIA+ dans vos effectifs et vous ne le soupçonnez pas, tout comme moi d’ailleurs. Alors ce constat, petit miracle, grand moment ou désolation ?
Il y a plusieurs dimensions à vivre quand nous sommes dissimulés ainsi. Pour ne prendre que mon exemple, il n’est pas rare que lorsque je fais la connaissance de nouveaux auteurices, contributeurices du blog et qu’on parle de sujets plus personnels, on parte du principe que je suis hétéro. « Tu as un copain ? » ; « Comment s’est passé le confinement avec ton conjoint ? » En soi, ce ne sont pas des phrases méchantes ni même trop dérangeantes pour moi parce que oui, encore une fois, je suis pan. J’ai un potentiel énorme à être attirée par la personnalité des garçons et ainsi, retomber, en apparence, dans un schéma normatif. Mais j’aurais très bien pu être en couple avec une fille ou une personne intersexe. Et ça, personne n’y pense. C’est bien là où se situe la petite cassure qui fait mal parfois. Il faut encore préciser, expliquer, faire entendre que non, je ne suis pas forcément avec un homme. Et si j’avais été lesbienne ? Ou même bi ?
Petite aparté très corrélée : un de mes collègues m’a demandé lors d’un café virtuel vendredi dernier comment se passait ma vie privée et a dit « hommes et femmes » pour préciser mes intérêts. Cela paraît anodin, mais pour moi, ça voulait dire beaucoup. Je le remercie d’avoir fait preuve de cette délicatesse qui m’a fait sourire sincèrement et du bien, en fait.
Personnellement, quand ce type de sujet vient à moi, je n’hésite pas à dire « ton ou ta conjointe » de manière à faire comprendre à mon interlocuteur que son choix, pour moi, n’a pas d’impact. Je ne le range pas d’office, par son genre apparent, dans une identité sexuelle et romantique normée. D’ailleurs, c’est bien parce que je ne le sais pas, parce que je ne présuppose pas que je me permets d’aborder la chose de cette manière. Après, il convient de faire un travail de détricotage de beaucoup de schémas que nous avons nous-même normalisé pour parvenir à cela. Je sais, c’est difficile mais il faut le faire.
Pourquoi ? Nous sommes en 2021 et j’ai vu, suite à la mise en avant du post de David Bernard par LinkedIn, les premiers commentaires nauséabonds faire une apparition sous mes yeux. « Il existe tout un mois pour mettre en avant cela ? Pour moi, c’est de l’ordre du trouble psychiatrique ».
Merci, mais non. Votre soi-disant science n’apporte rien de bon pour les humains que nous sommes et pire encore, participe à toute l’invisibilisation des LBGTQIA+ au travail, et dans la tech. La réponse apportée par David a été d’une justesse incroyable. Elle a aussi mis en avant la question d’identité de genre chez les collaborateurices et l’intérêt de bien comprendre les enjeux des personnes intersexes. Une réponse comme celle de David, avec un tel post, c’est ce que j’aimerais voir plus souvent en fait. Personnellement ça m’a fait du bien de ressentir enfin de la compréhension là, dans ce champ de bataille de l’ignorance.
Ce que je comprends aujourd’hui, c’est que ce fait social est encore en construction en France. J’ai beau m’y intéresser, accompagner des jeunes LGBTQIA+ au quotidien, avoir réalisé par le passé des actions de communication qui visaient à soutenir des assos LGBT+, j’ai toujours peur qu’on croit que tout cela n’a qu’un seul but : le pinkwashing. C’est pourquoi je vous ai sollicité très fortement. Afin de retirer un substrat qui ne soit pas bancal. Ce n’est pas une chose simple et je crois qu’il faut co-construire la vision de demain. La visibilité de ces communautés ensemble. Lutter contre les biais de tout genre et cesser les micros agressions. Sortir du postulat hétéro normé. Sortir du logo arc en ciel. Aller plus loin et se poser les bonnes questions pour accueillir les plus belles réponses !
Voici un événement à ne pas manquer :
« Quand dire, c’est faire : comment parle-t-on des LGBTI et pourquoi c’est très important) », présenté par Ingrid Therwath, docteure en sciences politiques et co présidente de l’AJL (l’association des journalistes LGBTQIA+). Cet événement réalisé par The Allyance vise à toujours d’applicatifs dans le réel. Comprendre les différentes appellations mais aussi saisir les enjeux de l’identité, du genre et de l’orientation : en bref, de quoi grandir ensemble.
Parce que le pinkwashing, c’est facile. Parce que n’importe quelle boîte peut solliciter un-e communicant-e comme moi pour lui dire de coller des cocardes bariolées sur tous les supports. Et ça, ça m’énerve. Il faut vraiment viser l’incarnation de ses idéaux et ne pas croire qu’un petit pin, un petit post sur les réseaux sociaux feront l’affaire. Encore une fois, mon métier passe pour un métier d’abruti parce que les communicants ne se posent pas les bonnes questions et n’osent sans doute pas pousser la réflexion plus loin.
Aussi, parce que tout cela est politique ! Il suffit d’aller dans certains pays pour le comprendre (dois-je parler d’extermination et de peine de mort?). Et même, juste en France : combien de personne LGBTQIA+ se sont fait agresser en faisant des sorties anodines, comme aller au travail ? Chercher ses enfants à l’école ? Boire un verre en afterwork ?
Oui, la masculinité toxique pique, blesse, voire tue.
Voilà, je pense que cet article n’est qu’une brique parmi tant d’autres. J’espère cependant qu’il cristallise, au-delà d’une pensée et d’une observation, une véritable réflexion sur l’avenir des communautés dans la tech. Et qu’il vous communiquera l’envie d’entreprendre, d’œuvrer pour que le bien l’emporte, surtout à l’ère de la bienveillance.
Sur ce, je vous quitte mais je reste dispo pour échanger en commentaires ! Tchuss !
Elles sont passées où les femmes dans la tech ? Entre le manque de représentation…
Dans cette vidéo, on interview Nicolas Grekas, contributeur clé de Symfony, pour discuter de sa…
Comment trouver son job dans la tech ? Marie a la réponse ! Grâce à…
Adobe, l'empire créatif, et pas des moindres ! Belle ascension de la part de ces…
Est-ce plus simple de créer des morceaux avec les outils de Musique Assistée par Ordinateur…
View Comments
Super article, avec lequel je ne peux que trop être d'accord. Entre les micro agressions, certes pas forcément malveillantes, du type "ton copain" ou "ta copine" forcément identifié.e comme du sexe opposé, et la tonne d'entreprises qui affichent un logo arc en ciel en juin sans rien de concret pour l'inclusion de leurs employés, il serait temps qu'on puisse parler de soi à ses collègues sans avoir l'impression de jouer à la roulette russe. J'ai été ravi, il y a quelques mois, de parler de mon copain devant mes collègues, et que l'un d'entre eux m'identifie comme personne de confiance à qui il pouvait parler de sa propre homosexualité. Ravi aussi, voire inspiré, d'entendre un ancien collègue parler de son conjoint comme un autre l'aurait fait de sa conjointe, c'est à dire sans faire de son orientation sexuelle un sujet à traiter en préambule, et je lui en suis reconnaissant car je n'aurais pas su l'assumer moi même au bureau sans ça