Changer d’entreprise, c’est excitant. Nouveau challenge, nouveaux collègues, nouveau café. Mais, bien souvent, on oublie que le changement de job, c’est aussi plonger dans une nouvelle culture d’entreprise, un univers social parfois complètement différent. Pour aider à comprendre ce changement, une petite analogie simple mais efficace pourrait faire toute la différence : celle des « pêches » et des « noix de coco ».
J’ai découvert cette analogie à l’école, grâce à mon professeur d’anglais, un Britannique qui nous préparait à partir à l’étranger. Il nous parlait de communication interculturelle, et il a utilisé l’exemple des « pêches » et des « noix de coco » pour illustrer comment les gens interagissent différement d’un continent à l’autre.
Et l’année d’après, je suis donc allé au Québec et ça m’a frappé. Quelqu’un avec qui j’ai passé un très bon moment la veille ne s’attend pas du tout à ce que je vienne lui dire bonjour le lendemain en le croisant à l’université. Il va même sûrement trouver mon intervention invasive ou violente. « Il se sent un peu trop à l’aise le Français ». Ne parlez pas de politique avec des inconnus non plus. Briser la glace avec son voisin peut être extrêmement dur (bon, j’étais à Chicoutimi, ce n’est pas Montréal).
Depuis la rentrée, j’ai onboardé de nouvelles personnes dans l’équipe, et j’ai été amené à leur partager cette analogie. Cela m’a rappelé combien ce concept est utile, surtout lorsqu’on change de culture d’entreprise. Vu que j’ai aussi recruté pour des clients en full remote, cette règle de pouce est devenue un outil que j’utilise pour évaluer l’affinité entre un candidat et le poste. J’ai même eu un candidat suédois qui avait travaillé dans des entreprises canadiennes, et nous avons pu discuter de ces différences de manière très concrète. Ce genre d’échanges m’a convaincu de la valeur de cette approche.
Imaginez que vous rencontrez des gens. Certains sont comme des pêches : la surface est douce, amicale et facile d’accès. Vous pouvez vous entendre très vite, ils n’hésitent pas à partager des anecdotes personnelles dès le premier café, et le ton est tout de suite chaleureux. Mais quand il s’agit d’aller plus en profondeur, vous pouvez vous heurter à un noyau solide, une limite à ne pas franchir sans un certain temps.
D’autres sont davantage comme des noix de coco : la première couche est dure à percer, ils sont peut-être plus réservés et moins enclins à se dévoiler rapidement. Mais une fois cette coque franchie, vous découvrez une richesse et une profondeur qui rendent les relations plus solides et sincères.
Les européens sont des noix de cocos. Ils se donnent des coups d’épaule dans le métro ou sur le passage clouté. Mais quand je vais chez un ami, il sort une raclette et ses meilleures bouteilles. Si je déménage il y a du monde pour m’aider.
Les américains s’excusent pour rien et aident spontanément des inconnus qui n’ont rien demandé. Ils sont doux comme des pêches. Mais pour devenir un vrai ami qui vous soutiendra quand cela devient vraiment difficile, il faut beaucoup de temps. Mon prof d’anglais racontait que pour avoir réussi à construire une relation très forte avec un ami américain, il avait fallu que l’un de leurs amis en commun tombe très malade. Un drame, une situation exceptionnelle peut casser le noyau d’une pêche.
Appliqué à la culture d’entreprise, cela signifie que certaines entreprises ont une culture extravertie, joyeuse et dynamique en apparence, mais avec des niveaux d’engagement et d’intimité bien définis. Tandis que d’autres entreprises peuvent sembler un peu distantes ou froides au premier abord, mais une fois que vous vous y êtes adapté, vous accédez à des relations de travail authentiques et fiables.
Quand on change de job, ce qui peut paraître perturbant, ce n’est pas seulement le travail en lui-même, mais bien la façon dont les gens autour de nous interagissent. Imaginez que vous quittiez une entreprise où tout le monde se dit bonjour avec un hug le matin (une bonne grosse pêche) pour rejoindre une équipe où chacun reste un peu à distance jusqu’à ce qu’il vous connaisse mieux (la noix de coco typique). Vous risquez de vous sentir un peu seul ou de vous demander si vous êtes à la hauteur… alors que c’est juste une question d’adaptation à une nouvelle manière de faire.
En tant que dirigeant, mon expérience est plutôt d’avoir recruté plus de 30 personnes, toutes avec une manière différente de socialiser et de placer la limite entre vie personnelle et vie professionnelle. J’ai toujours eu à cœur que chacun se sente à l’aise. J’ai vu de nombreuses fois comment certaines personnes s’épanouissent dans une ambiance « pêche », chaleureuse et ouverte, tandis que d’autres préfèrent la solidité et la profondeur des relations construites dans une culture « noix de coco ». Chaque approche a ses défis, et mon rôle est de faciliter l’adaptation pour que chacun trouve sa place, quel que soit le contexte.
Pour avoir du succès dans votre prise de poste, il faudra créer une relation avec vos collègues. Ne serait-ce que parce que vous avez besoin des autres pour atteindre vos objectifs. Mais aussi et surtout pour une question de bien-être. Vous avez envie d’aller bosser avec des gens avec qui vous serez à l’aise.
L’adaptation est une compétence. Ce n’est pas inné, cela s’apprend. Et on n’a pas tous besoin d’utiliser cette compétence de manière régulière. Travailler à l’étranger ou dans un contexte international muscle cette compétence par exemple.
Quand on change de job, on a tous besoin de ce muscle et il peut être froid. Et surtout, on peut ressentir un vrai mal-être. Je vous donne cette analogie comme un outil pour compenser le muscle.
Ne cherchez pas à vous travestir. Vous n’avez pas besoin de devenir une « pêche » pour être accepté. C’est ok de dire qu’on a besoin de temps. Les « noix de coco » peuvent avoir l’air d’être des personnes qui aiment le conflit. Mais en vrai, elles sont sympas et elles vous aiment bien. Elles sont juste un peu plus directes.
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