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Du 14 au 20 novembre, c’est la semaine de l’emploi pour les personnes handicapées. L’inclusivité dans le monde de la tech nous tient à cœur et c’est pour ça que tout au long de la semaine, on va sortir plusieurs contenus sur le sujet ✨

C’est Insaf qui vous parle aujourd’hui ! La semaine dernière, j’ai pris un café avec Nicolas Karasiewicz. Je l’ai rencontré au Devfest Lille 2022 parce que c’est lui qui a ouvert la journée avec la Keynote. J’ai directement pensé à lui pour créer des contenus cette semaine et c’est pour ça que je l’ai interviewé.

Je vous laisse avec la retranscription du moment passé ensemble 👇🏼

Hello Nicolas ! Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Nicolas Karasiewicz et j’ai 36 ans.

nicolas - article emploi et personnes handicapées

À l’époque où on s’est rencontrés, j’étais chef d’entreprise, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pendant cinq ans, j’ai été éveilleur de conscience. J’intervenais auprès d’entreprise, de collectivité et d’association pour montrer que nos singularités sont une richesse pour la société. Je suis intervenue de différentes manières, en conférence, en atelier, sur des mises en situation, pour les amener à une prise de conscience et à essayer de comprendre ce qu’il se passe dans l’organisation des entreprises. Je proposais de la formation et du conseil sur pleins de thématiques différentes. En fonction des entreprises avec lesquelles j’ai travaillé et en fonction de leur besoin.

J’ai aussi longtemps été amené à faire de la mise en relation bienveillante avec un écosystème de partenaire que j’ai constitué depuis quelques années.

Je mets tout ça au passé parce que cet été a été un petit peu agité et j’ai été contraint d’arrêter cette activité, ce qui ne m’empêche pas de continuer mes engagements d’une manière un peu différente.

Que faites-vous aujourd’hui ?

Je travaille aujourd’hui en lien très étroit avec une association qui s’appelle l’APHPP, c’est l’association nationale pour la prise en compte du handicap dans les politiques publics et privés. Je suis en charge de la communication des relations presse pour l’association. La mission de cette structure, c’est de mettre en avant le fait que les personnes handicapées sont des citoyens à part entière, qu’ils ont des droits et des devoirs et qu’ils ont la possibilité d’accéder à différentes choses, des produits, des services et des solutions numériques. On travaille également sur la représentativité des personnes handicapées dans notre société.

J’aime beaucoup ce que je fais, ça me permet d’être d’un côté engagé sur le plan associatif et d’un autre côté en reconversion professionnelle dans le domaine des médias. J’aimerais beaucoup reprendre des études de journalisme. Mon objectif, c’est de toucher le public différemment et ce via les écrans, via la télévision ou la radio pour continuer de porter ce message.

On s’est rencontré au Devfest Lille 2022. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi êtes-vous intervenu en Keynote d’ouverture ?

Déjà, j’ai été très content d’être invité par le Devfest parce que cette question de l’accessibilité, de l’inclusion – on peut y mettre le mot qu’on veut et on y reviendra après – ce n’est pas un sujet qu’on met souvent en Keynote d’ouverture. Et même quand il est au programme, on le traite soit très en surface, ou alors de marnière très technique. L’accessibilité dans la tech, c’est une question d’expérience utilisateur et le fait de faire appel à un utilisateur directement, ç’a beaucoup de sens.

Sur le fond, mon objectif n’était pas de donner des leçons, j’étais là pour poser le cadre. Aujourd’hui, il y a des choses qui sont faites, d’autres qui ne sont pas faites, des choses positives, d’autres moins. Mais, il faut partir de ce qui existe déjà dans chaque organisation et ensemble, on va essayer de monter en compétence tous ensemble pour avoir un numérique un peu plus vertueux. Je ne parle volontairement pas d’accessibilité, parce que c’est quelque chose de subjectif. Ce dont j’ai envie, c’est d’avoir des sites internets et des applications plus vertueuses, c’est-à-dire que tout le monde puisse les utiliser sans aucun soucis.

Quels ont été les retours de cette Keynote ?

Il y a pleins de gens qui sont venus me voir ou qui ont relayé mon intervention sur les réseaux sociaux. Des gens qui, finalement, soit ont été étonnés, mais dans le bon sens du terme, ils ne s’attendaient pas du tout à ça. J’ai essayé de faire passer mon message tout en faisant de l’autodérision, je trouve que c’est le meilleur moyen. Je pense que du coup, les gens arrivent très facilement à s’identifier et à voir que je ne suis pas si différent d’eux. Après, ce serait mentir que depuis mon intervention, il y a une révolution dans le monde du numérique à Lille. Cependant, il y a des gens qui ont décidé de se former, de monter en compétences, de parler avec des personnes en situation de handicap pour faire mieux. On a installé un dialogue qui n’existait pas.

C’est important que les entreprises comprennent que les personnes handicapées sont des clients à part entière. Les ignorer et ne rien faire pour que tout le monde puisse accéder à leur site internet, finalement, c’est mauvais pour eux.

Que pensez-vous de la place des personnes handicapées dans la tech ?

C’est la 27ᵉ semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. Comme je le dosais tout à l’heure, on ne nous considère pas comme des clients à part entière, c’est le premier aspect. Il faudra, je pense, de nombreuses années avant que les choses évoluent, mais ce n’est pas le cas dans d’autres pays. Aux États-Unis, notamment, les géants comme Apple, Google, Facebook, Amazon ou autres l’ont bien compris et communiquent dessus.

Le second aspect, c’est qu’on fait pour les personnes handicapées, mais on le fait rarement avec eux. Si dans la tech, on avait des développeur•euse•s, des responsables marketing, ect, handicapé•e•s on arriverait à faire bouger les choses. Ce qui pose problème, c’est le recrutement.

Avez-vous des solutions pour palier à ça ?

Avant même de penser à recruter, il faut sensibiliser, c’est ce que j’ai commencé à faire au Devfest, c’est que WeLoveDevs fait cette semaine, et il faut continuer à le faire. Il faut démystifier la question du handicap, il faut former les dirigeants et les salariés.

Ensuite, il faut travailler en collaboration avec les structures d’accompagnement, pour trouver des profils et s’il n’y en a pas, pour former ensemble, et pour ça l’alternance et l’apprentissage sont des leviers assez puissants.

La question du sourcing est complexe, mais elle l’est finalement pour tout le monde. Même si tout va très vite dans le monde du numérique, je pense qu’il faut prendre le temps et aller à la rencontre d’acteurs pour faire bouger les choses.

Une fois que c’est fait, il faut adapter les processus de recrutement, les postes de travail, les logiciels. Il faut faire en sorte que ce soit possible d’accueillir ces personnes.

Pour arriver au plein emploi des personnes en situation de handicap, il fait passer par ces étapes-là.

Le mot de la fin ?

Cela peut paraître fastidieux, surtout quand on est une petite structure, on se dit qu’on va y jamais y arriver. Il vaut mieux y aller petit pas par petit pas que de vouloir arriver à tout trop vite. Je préfère qu’on me dise “cette année, je vais faire une sensibilisation auprès de mes salarié” puis chaque année faire quelques chose de nouveaux pour y arriver.

Il faut oser, et penser à mesurer l’impacte de ce qu’on a fait pour embarquer un maximum de monde.

Merci à Nicolas pour le temps qu’il a pris avec moi, c’était un chouette moment 😌

 

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