L’épanouissement des développeurs en 2014

Cet article est le volet #3 de notre étude de 2014 sur le marché des développeurs. Elle concerne l’épanouissement des développeurs`: leurs critères et l’état des lieux (par entreprise, sexe, âge, poste…). Bonne lecture !

L’étude a été réalisée auprès de 512 techs en France (développeurs, lead développeurs, expert techniques, architectes…) en mai 2014.
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> Accéder au volet #1 : les salaires des développeurs en 2014
> Accéder au volet #2 : le recrutement des développeurs en 2014
> [NOUVEAU] le salaire des développeurs en 2015

Ici, nous nous intéressons à deux choses : les critères d’épanouissement des techs (partie 1) et la reconnaissance et l’épanouissement qu’ils ressentent actuellement en 2014 (partie 2). Nous employons le mot « techs » pour désigner l’ensemble des « développeurs, lead-developpeurs, architectes, experts techniques ».

1) Les critères d’épanouissement des techs

a) Femme VS Homme

Ici 3 critères principaux d’épanouissement étaient demandés aux techs.
Première nouvelle : hommes comme femmes valorisent, dans l’ordre 1) l’intérêt des mission, 2) le cadre de travail 3) le salaire. Néanmoins quelques points à souligner :

i) Les femmes valorisent plus l’intérêt des missions et les possibilités d’évolution alors que les hommes semblent valoriser plus : le salaire, l’innovation, le management et la qualité du développement. Les femmes semblent être plus attirées par un job qui les intéressent par leur contenu et leur position au sein de l’entreprise (sont-elles sous-valorisées au sein des entreprises tech ?) alors que les hommes portent un intérêt plus fort au « moyen utilisé », à la techno, aux innovations technologiques (plus qu’au job et à la mission elle même), ainsi qu’à la reconnaissance via la rémunération.

ii) Femmes et hommes s’entendent plus ou moins sur le cadre de travail (mentionné à 60%), la reconnaissance du métier de développeur (44%) (à laquelle on travaille activement chez JobProd, par exemple ici,  ou encore ), la formation (15%), les extras (7%).

b) Développeurs VS architectes / experts techniques

Ici, ce graphe compare les critères exprimés par les « développeurs » à ceux exprimés par les « architectes / experts techniques ».
L’intérêt des missions, le cadre de travail et le salaires (les 3 principaux) sont plus regroupés pour les développeurs alors que pour les architectes / experts techniques, le salaire devient moins important au profit de l’intérêt du job. Deviendrait-on plus sage avec l’expérience ? 😉

2) Reconnaissance et épanouissement des techs

Dans toute cette partie, les graphes sont composés de 2 parties : la reconnaissance (en haut) et l’épanouissement (en bas). Ce sont des sentiments bien entendu subjectifs et la question était volontairement posée de façon large (vous sentez vous reconnu / épanoui ?).

  • La reconnaissance fait plutôt appel au « feedback positif » que donne l’entreprise au tech (via le manager, la rémunération, les collègues…)
  • …alors que l’épanouissement fait appel à un sentiment intérieur : « suis-je heureux globalement dans mon job ? ». Comme on peut le voir il y a des corrélations fortes entre les deux, mais ce qu’il faut retenir c’est que les deux graphes donnent 2 niveaux de lecture : la lecture « relation avec l’extérieur » (reconnaissance) et celle du « bien-être intérieur » (épanouissement). Et bien entendu la reconnaissance influe grandement sur l’épanouissement !

a) Par entreprise

33% des techs se sentent très reconnus dans les startups (82% au total se disent épanouis ou très).

…  et 28% chez les éditeurs (Au passage, voici toutes nos offres emploi chez des startups et éditeurs, en grande partie). Cela tombe à 15% en SSII ou agence. Côté épanouissement on est à 26% de « très épanoui » en startup et 20% chez les éditeurs contre 13% et 15% pour les SSII et agences respectivement.

Reconnaissance (reconnu ou très reconnu) : 82% startups, 78% éditeurs, 68% SSII, 61% agences.
Epanouissement (très épanoui ou épanoui) : 90% startups, 81% agences, 80% éditeurs, 76% SSII.

On observe des écarts forts ou très forts selon le type d’entreprise pour la partie « reconnaissance ». Côté épanouissement, en revanche, c’est beaucoup plus tassé, même si les startups sont loin devant. Les agences, éditeurs et SSII sont dans un mouchoir de poche : dans ce type d’entreprise, le sentiment d’épanouissement est assez semblable. On fustige souvent les SSII qui sont les bêtes noires des développeurs. Le problème viendrait-il plutôt du fait que l’on est moins « reconnu » (plutôt que moins « épanoui » ?).

Par ailleurs, voici une parenthèse, mais nous avons aussi posé la question : « par quel type de structure êtes-vous attiré ? »

Ici 3 critères principaux d’épanouissement étaient demandés aux techs.
Là aussi les startups et les éditeurs ressortent très fortement : 64% et 65% contre 29% pour les agences et SSII. En France, clairement les éditeurs et les startups ont le vent en poupe et bénéficient d’une excellente image auprès des techs. Aux SSII et agences de redorer leur blason en répondant mieux aux critères principaux des techs : l’intérêt des missions, le cadre de travail et le salaire. Les SSII sont plutôt réputées pour bien payer : qu’elles travaillent donc sur l’intérêt des missions proposées (et particulièrement ceci pour attirer des femmes ;)) et le cadre de travail !

b) Par lieu

80% des techs se disent épanouis en France, 63% à l’étranger.

Même si l’étude porte sur les résidents en France (512 personnes), nous avons inclus ici les résultats des résidents à l’étranger qui ont répondu (32 personnes exclusivement en contrat local). Ici, le résultat sur les étrangers est à prendre avec des pincettes car il n’y a que 32 réponses, mais nous souhaitions vous les donner.

En commençant aussi par les extrêmes, l’étranger suscite un sentiment de reconnaissance très fort (50% se déclarent très reconnus), mais aussi un sentiment de « non-épanouissement » plus fort qu’en France (13% « pas dutout épanouis » VS 4% en moyenne en France).

Reconnaissance (reconnu ou très reconnu) : 72% IDF, 72% province, 63% étranger.
Epanouissement (très épanoui ou épanoui) : 80% IDF, 80% IDF, 63% étranger

C’est kif-kif pour IDF / province. Petite nuance : si l’on regarde de plus prêt, il y a plus de très reconnus / très épanouis en IDF. Pour la partie reconnaissance, ceci peut-être en partie compris via le premier volet de notre étude (les salaires des développeurs web et informatiques : voir partie 4) : Les salaires en IDF sont 5% plus élevés que le coût de la vie comparé à la province : quand on est tech, on est donc mieux payé en IDF. Pour la partie épanouissement, je n’ai pas d’explication.

Côté « étranger », il en ressort que la reconnaissance, épanouissement sont moins fort, mais n’interprétons pas plus car il n’y a pas eu suffisamment de personnes à l’étranger qui ont répondu (32 personnes).

c) Par poste

1/3 des développeurs en France ne se sentent pas reconnus.

En observant les extrêmes : 42% des architectes / experts se sentent très reconnus : superbe ! Les postes techniques pour les techs expérimentés sont bien reconnus et ceci est une excellente nouvelle. (d’ailleurs 25% des architectes / experts se disent très épanouis). En revanche 7% des développeurs ne se sentent pas dutout reconnus (contre 2% pour les lead-dev et 0% pour les archi/experts).

Reconnaissance (reconnu ou très reconnu) : 93% architectes/experts, 78% lead développeurs, 66% développeurs
Epanouissement (très épanoui ou épanoui) : 83% architectes/experts, 82% lead développeurs, 78% développeurs

Ce que l’on peut retenir, c’est que plus l’on prend des responsabilités techniques (lead dev ou architecte), plus le sentiment de reconnaissance et celui d’épanouissement sont forts. Là aussi c’est une bonne nouvelle car l’on peut s’épanouir et être reconnu dans son job en tant que « tech » et pas nécessairement en suivant la voie toute tracée du « chef de projet ». En revanche, les « développeurs » (contrairement aux lead dev ou archis) ne sont pas assez reconnus en France : 2/3 seulement.

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d) Par âge


40% des techs de plus de 35 ans ne se sentent pas épanouis.

Note : nous affichons aussi ceux de plus de 45 ans, mais trop peu de personnes de cette tranche d’âge ont répondus. Donc nous ne commenterons pas cette partie.

Côté extrêmes, 9% des moins de 25 ans ne se sentent pas dutout reconnus (contre 3-4% pour les plus de 25 ans). Et 10% des plus de 36 ans ne se sentent pas dutout épanouis contre 2-3% pour les moins de 35 ans.

Reconnaissance (reconnu ou très reconnu) : 73% pour les 25-25 ans, 72% moins de 25 ans, 68% pour les 36-45 ans.
Epanouissement (très épanoui ou épanoui) : 81% pour les 25-25 ans, 80% moins de 25 ans, 61% pour les 36-45 ans.

Clairement la reconnaissance et l’épanouissement diminuent avec l’âge en France, en particulier à partir de 35 ans. C’est souvent le moment où la question existentielle se pose chez les techs : comment évoluer ? On entend régulièrement la réponse : je souhaite devenir manager, sinon je deviens freelance. Relisez le point c) ci-dessus : devenez expert technique ou architecte si vous êtes passionnés de technique ! En tout cas n’ayez pas peur de rester dans le développement. Etre manager c’est pas mieux, c’est juste un autre métier. Maintenant si vous restez « développeur » (et ne devenez pas architecte ou expert technique) et si vous êtes moins bien payé que les junior proportionnellement à votre expérience, demandez-vous si l’entreprise n’est pas juste avec vous (en ce cas négociez ou changez !) ou bien si vous-même ne méritez pas un meilleur salaire qu’un junior (ie. êtes-vous vraiment plus productif, plus rapide, plus inventif, avez plus de recul… ?).

e) Par sexe


Les femmes techs sont moins reconnues et épanouies.

Les extrêmes d’abord. 21% des hommes se sentent très reconnus (contre 5% pour les femmes). Et 10% des femmes ne se sentent pas dutout épanouies contre 3% pour les hommes. Enfin 16% des hommes se disent très épanouis contre 0% pour les femmes interrogées.

Reconnaissance (reconnu ou très reconnu) : 72% pour hommes, 70% pour les femmes.
Epanouissement (très épanoui ou épanoui) : 80% pour les hommes, 70% pour les femmes

Globalement on peut retenir que les hommes se sentent plus reconnus et épanouis que les femmes dans le monde des techs (en particulier quand on regarde les extrêmes « très reconnus », « très épanouis », « pas dutout reconnus », « pas dutout épanouis »). Ceci n’est pas une grande surprise quand on observe les écarts de salaires, de reconnaissance et de responsabilités hommes/femmes dans le monde scientifique et du travail en général. Aidons les femmes à trouver des missions intéressantes et donnons leur plus de responsabilités ! (cf. partie 1 :)).

Romain Brouard

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