De nombreux chefs d’entreprise considèrent que comme ils versent un salaire à leurs employés, ils ne leur doivent rien d’autre. En particulier ils ne se sentent aucun devoir de loyauté morale envers eux. C’est une grave erreur. Explications.

La loyauté à sens unique, source de souffrance au travail

Un comportement typique qu’on retrouve actuellement en entreprise est que le patron exige une loyauté absolue de ses salariés, mais ne se sent pas obligé de la leur rendre. Effectivement, tout contrat de travail contient une clause de loyauté envers l’employeur et c’est on ne peut plus logique.

Maintenant, imaginons le cas d’un patron qui fait bosser en particulier un salarié d’une équipe comme un fou, et quand un poste de direction de ce service se libère, il préfère embaucher une personne externe sans avoir proposé le poste au salarié en question au préalable. Le message envoyé à ce dernier est très clair : on te demande de te défoncer, mais n’attends pas le moindre remerciement de notre part pour ton travail. Et bien évidemment lorsque l’employé en question demandera une augmentation on lui rétorquera qu’il n’en fait pas assez. Un tel comportement a conduit de nombreux salariés au burn-out. Le livre Mon travail me tue : Burn-out : pourquoi nous craquons tous parle très bien du sujet.

Des effets pervers à long terme pour l’entreprise

Un contrat contient toujours deux parts : l’une écrite, c’est le contrat légal, et l’autre non écrite, le contrat moral. Par exemple, dans le contrat légal, un salarié doit une loyauté absolue à son employeur, mais ce document prévoit aussi un certain nombre d’heures de travail… Le contrat moral demandera souvent à l’employé de rester plus longtemps que ces heures contractuelles si besoin, mais en échange son manager prend des engagements et s’y tient. Et c’est justement là que le bât blesse : nombre d’employeurs n’hésitent pas à promettre tout et n’importe quoi aux salariés pour les faire se défoncer, pour ensuite ne pas s’y tenir. En résumé ce sont des bonimenteurs

Le problème d’un tel comportement est qu’au bout d’un moment les salariés se rendront compte de la supercherie. L’employeur continuera à demander des efforts à ses salariés, mais plus personne ne le suivra. Alors il pourra être tenté d’augmenter la pression pour remettre ceux-ci au travail. Mais généralement ça ne fonctionne qu’un temps, et ensuite les gens se démobilisent encore davantage. Alors l’employeur pourra être tenté de licencier pour l’exemple, mais ça ne fera qu’empirer le problème et ses collègues chercheront à se faire eux aussi licencier pour ensuite récupérer de l’argent aux prud’hommes. Par ailleurs l’autre souci est que le jour où vous aurez une réelle urgence il y a de bonnes chances que personne ne lève le petit doigt pour vous. En effet pour avoir le dessus sur ses salariés il faut pouvoir les faire rêver.

Pour illustrer le cas je me souviens d’un employeur peu loyal qui avait monté une task-force pour résoudre une urgence, et le chef de cette dernière comptait s’attribuer tout le succès du travail de l’équipe. Pour faire simple personne ne l’a suivi, et au bout de quatre jours il s’est plaint à sa hiérarchie que personne n’était motivé. Au pied du mur il a dû se plier à la volonté de l’équipe, et à ce moment-là celle-ci s’est mise à travailler… lentement.

Pour les salariés : détecter et gérer un chef déloyal

La règle d’or que doit appliquer un salarié lorsque son chef lui promet quelque chose est la suivante : faire sa part du contrat, et bien repérer si le chef tient sa promesse. Dans 90% des cas il ne la tiendra hélas pas… et si c’est le cas la meilleure chose qu’il a à faire est de lever le pied pour de bon, en pensant à aller voir ailleurs.

Si par contre vous continuez à faire naïvement confiance à votre employeur ce dernier va vous prendre pour un pigeon et continuera son manège. Comme dit plus haut vous risquez alors d’aboutir à un burn-out et devinez quoi, votre patron qui vous a tant demandé ne daignera même pas prendre des nouvelles de vous. Bref vous aurez été exploité par un voyou sans scrupule…

Toujours est-il que l’attitude la plus saine à adopter est de ne surtout pas trop s’impliquer pour un tel chef. De manière générale pour un développeur il est très mauvais de travailler plus de huit heures par jour. Au-delà vous ne serez tout simplement plus en état de produire du bon code. Par ailleurs il faut aussi penser à votre veille techno, et une journée ne dure que 24 heures. N’oubliez pas : à l’heure actuelle on ne reste plus à vie dans une même entreprise, et donc il faut d’abord investir sur soi pour se tenir à jour sur les nouvelles technos. Après seulement, vous pouvez investir pour votre employeur, mais uniquement si ça en vaut la peine. Le temps c’est de l’argent, n’en donnez pas si c’est à perte.

En bref

Pour l’employeur, ne pas être loyal envers ses salariés n’est qu’une stratégie de court terme qui conduit à un turn-over élevé. Humainement, c’est détestable, et n’oublions pas qu’hormis pour les SSII le turn-over a un effet très négatif sur la qualité des logiciels produits. Bref en n’étant pas loyal vous créez une logique perdant-perdant, en sachant que vos salariés n’hésiteront pas à avertir leur réseau qu’il ne faut pas travailler pour vous. Les employeurs disent souvent en privé avoir des listes noires de personnes à éviter, mais les candidats ont leurs propres listes noires d’entreprises à fuir. Pour vous en convaincre vous pouvez regarder par exemple ici, et encore ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.

Pour l’employé, face à un employeur déloyal, il faut immédiatement lever le pied. Et si on continue à vous mettre la pression, il vaut mieux aller voir ailleurs. Dans tous les cas ne vous défoncez pas pour une entreprise qui n’hésitera pas à vous jeter sans scrupule, investissez plutôt pour votre avenir professionnel, c’est plus important. A ce sujet la veille technique est indispensable.

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Julien
Moi c’est Julien, ingénieur en informatique avec quelques années d’expérience. Je suis tombé dans la marmite étant petit, mon père avait acheté un Apple – avant même ma naissance (oui ça date !). Et maintenant je me passionne essentiellement pour tout ce qui est du monde Java et du système, les OS open source en particulier.

Au quotidien, je suis devops, bref je fais du dév, je discute avec les opérationnels, et je fais du conseil auprès des clients.

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