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Anthony Heukmes« Ça a été un déclic pour moi. Je suis rentré de ce voyage à Las Vegas avec la ferme intention de créer ma boîte. Ce que j’ai fait 1 an plus tard ».

 

Aujourd’hui, on part à la rencontre d’Anthony Heukmes !

Anthony et moi, nous avons passé un moment au téléphone. J’ai beaucoup aimé son esprit d’entrepreneur. Il adore les prises de risque, a une vraie vision du marché et sait miser comme un chef. L’état d’esprit d’Anthony, c’est aussi un style de vie : il donne de nombreuses astuces pour entreprendre correctement, jour après jour.

Je vous laisse découvrir qui est Anthony, que vous pouvez retrouver via son podcast The Mature Dev. D’ailleurs, vous pouvez voir à nouveau notre live Linkedin et Twitch, où Anthony faisait partie de nos invités !

Alors, bonne lecture !

Marcy.

  • Que faisais-tu avant d’être entrepreneur ?

J’ai toujours été entrepreneur, depuis que j’ai 15 ans. Il n’y a jamais eu une année durant laquelle je ne bossais pas sur un projet. Mais j’ai vraiment été à plein temps sur mes projets lorsque j’ai eu 25 ans. Avant cela, j’ai travaillé 3 ans dans une société de consultance luxembourgeoise (c’est le top pour bien gagner ta vie en début de carrière). J’ai été placé comme consultant web chez Eurocontrol à Bruxelles. C’était un environnement de travail très sympa mais je n’y ai jamais pris beaucoup de plaisir. Je n’aime pas les grosses boîtes dans lesquelles tu passes des heures en réunion pour finalement décider de pas grand chose. Les technologies ne me parlaient pas (Java avec JSP + Oracle ADF) et ma fierté c’est d’avoir pu amener le Ruby on Rails dans cette boîte. Aujourd’hui encore j’ai d’anciens collègues qui développent des projets en Rails chez Eurocontrol grâce à ça, c’est plutôt cool ! J’ai aussi vite compris que je ne prenais pas de plaisir à développer pour d’autres. C’était même plutôt une corvée. J’adore développer, mais uniquement pour mes propres projets. Donc en résumé, cette expérience m’a appris ce que je ne voulais pas pour ma carrière !
  • Pourquoi t’être lancé ?

Ça m’a toujours démangé. J’ai eu un ordinateur très jeune et j’étais un des premiers à avoir l’ADSL (= fini de mettre de l’argent dans une petite boîte pour payer chaque minute de connexion avec un 56k). Du coup j’ai passé beaucoup de temps à fouiller le web. Et un jour, à 15 ans, je me suis réveillé en me disant que je voulais créer mon propre site. Je pense que c’est avant tout cette envie de toujours apprendre de nouvelles choses qui m’a donné envie d’entreprendre. Ensuite, lorsque j’avais 24 ans, je suis allé à la conférence Ruby on Rails à Las Vegas. Lors d’une keynote, le fondateur (David Heinemeier Hansson) a demandé qui se voyait comme un entrepreneur web. Une grosse majorité de la salle a levé la main. Et moi pas, car finalement je ne faisais que jouer avec mes projets, je ne gagnais pas d’argent. Ça a été un déclic pour moi. Je suis rentré de ce voyage avec la ferme intention de créer ma boîte. Ce que j’ai fait 1 an plus tard.
  • Comment gère-t-on ce nouveau chemin dans son projet professionnel ?

Comme toujours le problème est l’argent, pouvoir se payer un salaire en fin de mois, ce qui est le stress de tout nouvel entrepreneur. Je suis plutôt pour la sécurité et je me suis donc lancé full-time quand j’ai vu que j’arrivais à générer assez d’argent après journée. Un moyen « facile » de faire de l’argent est le service, en échangeant son temps contre de l’argent. Le problème c’est que je me suis enfermé là dedans justement pour pouvoir me payer et du coup, je n’avais plus de temps pour travailler sur mes projets et produits.
  • Comment ton entourage vit cette prise de risque ?

Ma copine (devenue ma femme depuis) croyait beaucoup en moi et était plus du genre à m’encourager. Par contre mes parents étaient contre et ça les stressait. J’avais une situation confortable au Luxembourg et j’ai décidé de tout plaquer pour me lancer à mon compte. Mon père ne comprenait pas. Je pense surtout que c’est une autre génération avec une autre mentalité. Il est musicien et a bossé toute sa vie dans le même orchestre. Un jour il m’a dit : « et quoi, tu comptes créer des sites toute ta vie ? tu ne vas pas en avoir marre ? ». Ça m’a fait beaucoup rire car lui a joué du violon toute sa vie. Mais pour lui c’était différent car il ne joue jamais les mêmes partitions. Je lui ai expliqué que c’était pareil, que chaque site est différent. 8 ans après, lorsque j’ai décidé de vendre ma boîte parce que je voulais passer à autre chose, là aussi, il n’a pas compris. J’avais des employés, une boîte qui tournait bien et je décidais de tout plaquer pour commencer un autre projet à 0. Mais voilà, avec le temps il a appris à me faire confiance. Mais ce statut d’indépendant le stressera à vie, c’est certain.
  • As-tu des tips à nous partager ? Comme la mise en place d’une routine, de rituels qui guide une journée, une semaine, des objectifs financiers ?

L’erreur qu’on fait tous en tant que développeurs c’est de commencer à coder trop vite. On a une idée, et sans trop réfléchir on démarre. Le problème c’est qu’on passe alors beaucoup de temps sur la création et au moment de lancer c’est le vide total. On n’a pas d’audience, personne qui attend le lancement de notre projet. On ne sait pas comment le promouvoir. Et surtout, le projet ne répond pas à un réel besoin donc personne ne l’utilise. Au mieux on attire quelques visiteurs qui testent, s’en vont et ne reviennent plus. C’est tout l’inverse qu’il faut faire. Trouver un besoin, un problème auquel des membres d’une niche sont confrontés et en parler avec eux. Pour bien les comprendre et être certain que ce besoin est bien réel et qu’ils cherchent une solution pour y répondre. Et seulement là, après avoir validé ce besoin  : on commence à coder. En parallèle, il faut créer son audience, que ce soit via un blog, un podcast, un groupe Facebook. Il y a des tonnes de possibilité. Mais il faut se créer une audience qui attend notre projet avant de le lancer, de manière à ce que ce lancement soit un succès. Que ce soit le code ou l’audience, c’est un travail sur la durée, on ne va pas avoir des résultats en 2 semaines. Il est donc super important de mettre en place une routine et de s’y tenir jour après jour. Ce qui compte c’est la régularité, la somme de tous les efforts dans le temps. Ça finira par payer. Je dis toujours que 30 minutes par jour suffisent pour débuter. Mais il faut être régulier. Trouver votre créneau pour travailler 30 minutes par jour et faites-le tous les jours. Ce sera difficile au début mais après 30 jours cela deviendra une habitude et vous le ferez naturellement, vous n’y penserez même plus.
  • Comment éviter d’être son propre frein alors qu’on a envie de se lancer ?

Il faut avancer étape par étape, et lors de chaque étape on acquiert de la confiance. Un exemple simple : jamais je ne me serai cru capable de lancer un podcast. On m’a toujours dit que je parlais vite, je mâche mes mots, j’ai un accent liégeois… Et puis un jour pour mon projet, j’ai été amené à faire un live sur Facebook devant 200 personnes. Je ne voulais vraiment pas le faire et je reportais à chaque fois… et puis lorsque le live s’est terminé, j’ai eu des super retours. Personne ne s’est plaint de ma voix. Du coup, je me suis dit que c’était moins pire que ce que je pensais. Ça m’a donné confiance pour créer des vidéos de type « tutoriel » pour mes utilisateurs. Puis aujourd’hui me voilà à enregistrer chaque semaine un épisode de podcast (on entend que la voix !). Mes premiers épisodes, j’étais mal à l’aise, je faisais attention à ma tessiture, etc.
Maintenant, j’enregistre chaque épisode très naturellement et je le fais avec beaucoup de plaisir. Je n’aurais jamais imaginé cela il y a quelques années. L’autre point très important selon moi, c’est d’avoir un objectif à atteindre. C’est l’élément qui va vous donner l’envie d’avancer. Par exemple moi je suis passionné de surf et de planche à voile. Je n’avais que les week-ends pour aller à l’eau et évidemment c’est toujours en semaine qu’il y avait des bonnes conditions (vent et vagues). Mon premier objectif était donc de devenir libre pour pouvoir aller à l’eau n’importe quand. Aujourd’hui, chaque fois que je suis sur l’eau, j’y repense. Je me dis que je suis fier d’avoir créé la vie que je voulais et de pouvoir en profiter. Tout le monde a peur au début, c’est normal. Ce n’est pas simple de sortir de sa zone de confort. Mais faites-le progressivement, vous ne risquez rien.
  • Une actu que tu veux nous partager pour finir ?

Je pense que le plus intéressant pour vos lecteurs est mon podcast « The Mature Developer » que j’ai lancé en juin. Son objectif est d’aider les développeurs à enfin lancer leur propre projet. Pas pour devenir millionnaires mais pour générer des revenus récurrents et avoir plus de liberté pour vivre la vie qu’on souhaite. Chaque semaine, j’interviewe un développeur qui a lancé son projet et une fois par mois je fais un épisode en solo ou j’approfondis un sujet particulier (comment trouver une idée, comment valider son idée, se faire connaître, etc). J’ai d’excellents retours des auditeurs car ce qui leur plaît c’est que je ne leur vends pas du rêve. Je leurs dis juste que c’est tout à fait possible de lancer son projet et de gagner sa vie avec. Ce qui est 100% vrai.
Marcy Charollois

Auteur Marcy Charollois

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