Un site e-commerce professionnel coûte entre 25 000 € et 1 300 000 € par an, selon votre chiffre d’affaires. Le budget dépend de nombreux facteurs : plateforme technique (Shopify, Prestashop, Magento), nombre de références produits (SKU), outils marketing (CRM, CDP, PIM) et taille de l’équipe interne.
Voici un aperçu des coûts typiques :
À 1 M€ de CA : prévoyez environ 25 000 € par an, soit 2,5 % du CA
À 10 M€ de CA : comptez environ 350 000 €, soit 0,9 % du CA
À 20 M€ de CA : les dépenses montent à 650 000 €, soit 0,8 % du CA
À 50 M€ de CA : le budget peut atteindre 1,3 million d’euros, soit 0,6 % du CA
👉 Ces montants incluent la refonte du site, l’infogérance, la maintenance, les outils marketing et l’équipe interne.
💡 Plus vous grandissez, plus vous gagnez en efficacité : le coût en pourcentage du CA baisse, même si les outils sont plus complexes.
Vous êtes en train de lire un vrai dossier. J’ai passé plusieurs semaines à enquêter.
Dans cet article, je vais vous présenter ma méthode, les tableaux budgétaires, la roadmap et les structures de coûts.
Mais d’abord, il faut comprendre pourquoi c’est si important.
Le e-commerce est une industrie où le logiciel est invisibilisé. Quand il ne tient pas la charge, tout le monde s’en prend à la tech. Alors les devs réclament toujours plus de moyens, parfois de façon peu rationnelle.
J’ai été ce dev. Celui qui demande : « Mais comment vous faites pour gérer sans PIM ? » — à un e-commerçant qui faisait à peine 500 000 € de CA.
Quand on vient d’un grand compte, on a l’habitude d’avoir tous les outils. Mais Rome ne s’est pas construite en un jour. Et si on explose les coûts opérationnels, il ne reste plus de marge pour financer la croissance.
Le vrai sujet, ce sont les équipes internes. C’est normal que beaucoup de choses soient externalisées — via une agence ou une plateforme comme Shopify.
Mais en interne, on parle souvent d’une seule personne. Un•e responsable e-commerce. Qui gère tout.
Déploiements la nuit, zéro vacances, 2 à 50 M€ de CA sur les épaules. C’est lui ou elle qui absorbe les chocs. Qui intervient quand l’EDI tombe. Et si personne ne prend la relève… ça explose.
C’est pour ça que j’ai construit cette roadmap.
Alors non, j’ai pas pris mon sac à dos façon J’irai dormir chez vous.
J’ai pris mon téléphone, mon LinkedIn, et j’ai activé mon réseau. J’ai mené mes interviews en visio, appli de notes ouverte.
Le sujet m’est venu par Yann Costes qui organise le Business Camp.
C’est un événement à Chambéry, sur deux jours, qui rassemble des e-commerçants déjà bien installés. Plusieurs millions de CA, des ateliers concrets, et surtout… une ambiance de partage.
J’ai donc pu échanger avec certains participants en amont.
Mais je voulais aussi croiser ça avec ce que je connais : l’écosystème lillois. À Euratech, j’ai eu plusieurs voisins e-commerçants que j’ai rappelés. Et surtout Soizic de Blanchemaille m’a fait rencontrer du monde 👍
Ce qui est frappant ? Les sujets sont les mêmes partout en France, et l’inquiétude est palpable.
👉 Shopify fait peur.
Tout le monde l’a pris pour aller vite. Mais aujourd’hui, les tarifs explosent : +33 % sur l’Advanced, commissions sur le CA, options avancées verrouillées…
Au-delà de 3 M€ de chiffre, c’est souvent le premier poste logiciel.
Et certains ne savent plus comment en sortir.
👉 Magento ou Prestashop ?
Chacun a choisi son camp — souvent à l’instinct ou par héritage. Mais rares sont ceux qui connaissent vraiment l’autre option.
👉 Et puis le CA, ce n’est pas tout.
Le vrai sujet, celui qui revient tout le temps, c’est :
“T’as combien de SKUs ?”
Le nombre de références devient un facteur de charge bien plus critique que le chiffre d’affaires.
C’est un enjeu technique — surtout face à Amazon qui semble capable d’encaisser des millions de références sans ralentir.
Spoiler : ce n’est pas le cas d’un Prestashop.
En tout cas, pas sans un moteur de recherche musclé comme Algolia ou ElasticSearch.
Et oui, gérer 80 000 références sans les bons outils, c’est dur.
Passer à 100 000 ? Ça n’a l’air de rien…
Mais en réalité, c’est comme tirer sur un élastique déjà tendu.
Tu rajoutes 10 000 références, et il commence à craquer.
Il éclatera, comme toujours, au pire moment.
Cette roadmap s’applique que vous soyez sur Shopify ou que vous ayez fait le choix de PrestaShop ou Magento.
Dans les sections qui suivent, je vous montrerai comment les coûts évoluent, selon votre stack.
Avant de plonger dans le détail, il y a quelques points essentiels à comprendre.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les dépenses techniques n’évoluent pas de manière linéaire.
Elles avancent par paliers nets : passage à Shopify Plus, implémentation d’un moteur de recherche, refonte du site, mise en place d’un PIM…
Chaque seuil franchi implique un investissement significatif.
Et surtout, ces paliers sont rarement réversibles.
Changer de stack à 8 M€ de CA ?
Ce n’est plus une migration, c’est une greffe à cœur ouvert.
Par ailleurs, un facteur revient souvent dans les discussions :
👉 le nombre de références.
C’est lui qui peut vous forcer à “monter une marche” bien plus tôt que prévu.
Il est important de noter que le budget d’acquisition n’est pas intégré ici.
En effet, il varie énormément d’un secteur à l’autre.
Par exemple :
Une DNVB peut investir jusqu’à 30 % de son CA en Meta Ads.
Un dropshipper peut exploser ses coûts en SEA pour gagner la bataille contre son propre fournisseur.
À l’inverse, un acteur B2B ou très niche peut se contenter de SEO.
C’est pourquoi, dans cette analyse, le budget marketing correspond uniquement à la stack CRM / automation / analytics.
Pensez à Brevo, Klaviyo, Matomo, Segment… mais pas à vos campagnes Google Ads.
Progressivement, la stack marketing devient plus coûteuse que la stack technique.
Le point de bascule se situe généralement autour de 10 M€ de CA.
C’est à ce moment-là que l’on voit apparaître une CDP, des outils d’automatisation plus poussés, ou des logiques de segmentation avancée.
Enfin, il faut parler des ressources humaines.
Dans ce tableau, j’ai dimensionné l’équipe idéale à chaque tranche de CA.
Mais dans les faits ?
Beaucoup d’entreprises passent de 1 à 20 M€ de CA avec la même personne à bord.
Souvent seul·e, parfois avec un alternant.
Résultat : les outils évoluent, les prestataires se multiplient, mais l’interne reste figé.
Et un jour, ça coince.
La friction n’est pas qu’un sujet technique. Elle est aussi organisationnelle.
Quand on démarre dans l’e-commerce, Shopify, c’est magique.
Tu branches ton catalogue, tu poses un thème, tu acceptes ta première commande.
Pour quelques centaines d’euros par an, tu as le pouvoir d’un pure player.
Mais très vite, une inquiétude surgit.
👉 “Est-ce qu’on ne va pas se retrouver enfermés dedans ?”
Tu montes en CA, tu ajoutes des apps, tu veux plus de contrôle…
Et là, tu réalises que tu ne peux pas tout faire.
Les prix ont augmenté
+33 % sur l’Advanced.
Une commission sur le CA.
Et même l’export de données verrouillé sans abonnement plus cher.
Le fournisseur unique
Tu veux changer de PSP ? Tu paies un pourcentage à Shopify.
Tu veux héberger ailleurs ? Impossible.
La peur de “l’Américain”
Ironie : Shopify est canadien.
Mais dans la tête des e-commerçants français, il représente une dépendance étrangère.
“Et si un jour ils décident de fermer les vannes ?”
Vraiment le coût caché auquel je ne m’attendais pas n’est pas sur les plaquettes de Shopify. Et fait c’est l’agence Shopify.
Mes interlocuteurs ont dépensé 50K€ pour une installation ou une refonte et c’est pas choquant. J’ai vu des propositions qui allaient jusqu’à 200K pour une refonte.
Tu peux même ajouter un suivi post-refonte ou une TMA à 15K par an.
On pensait que le SaaS allait nous coûter moins cher que l’open-source.
Plus besoin des devs ou de maintenance, pas de montée de version, pas de patch de sécurité au milieu de la nuit.
Mais au final ?
On a juste remplacé les devs… par des no-codeurs.
Et les budgets sont restés. Ils ont juste changé de colonne.
Il faut le dire : j’ai vu des Shopify bluffants.
Des sites portés par des agences créatives, avec des ressources dédiées au branding, à la vidéo, au motion design.
Il reste moyen de faire de belles choses quand le budget n’a pas été englouti dans une montée de version Magento à 150K€.
Oui, Shopify prend jusqu’à 2 % sur le chiffre d’affaires. Et oui, c’est ce chiffre-là qui a déclenché du bruxisme chez bien des e-commerçants. (Le bruxisme, c’est quand le grincement de dents devient pathologique.) La coupe est impressionnante, mais surtout, elle est clairement affichée. Et c’est ce qui choque.
Car avec Stripe, Adyen ou Mollie, les frais sont là aussi : souvent entre 1,5 % et 2 %, parfois plus selon les cartes.
Mais ils sont dissous dans le reste, rarement isolés sur une ligne.
Et surtout, on oublie souvent leur coût réel :
Il faut les intégrer
Il faut maintenir cette intégration
Et il faut parfois intervenir quand ça casse
C’est là que Shopify applique sa logique de plateforme fermée.
Si vous n’utilisez pas Shopify Payments, vous paierez quand même :
Une stratégie qu’on connaît bien : c’est celle du “walled garden”, comme sur l’iPhone. Vous pouvez sortir de l’écosystème… mais pas sans payer le péage.
C’est le moment de passer à la caisse. On va exclure les frais de paiements parce que vous les aurez de toute façon avec un autre PSP.
Les refontes sur Shopify sont quand même plus régulières.Je ne sais pas si c’est parce qu’elles sont moins chères ou si c’est parce que visuellement elles vieillissent plus vite. C’est sûrement les deux. Les e-commerçant sur Shopify ont tendance à faire une refonte tous les ans. Les e-commerçant sur Prestashop et Magento ont les poches vides après une refonte alors ils essaient de la faire tenir 2 ou 3 ans.
Autour de 1 à 2 millions d’euros de chiffre d’affaires, les limites de Shopify commencent à apparaître.
Jusqu’ici, la plateforme permettait à un fondateur ou une fondatrice de tout gérer seul. L’expérience utilisateur était bonne, les outils suffisaient. Mais à ce niveau, la charge devient trop importante, et les besoins changent.
Ces nouvelles contraintes peuvent venir de plusieurs fronts.
D’abord le wholesale : certains clients deviennent des revendeurs, commandent en volume, demandent des conditions différentes. Il faut souvent une seconde plateforme, et un suivi commercial plus structuré.
Ensuite le multi-canal : la relation client déborde du site. Il faut gérer les campagnes mails, les réseaux sociaux, les supports entrants, parfois même des points de vente physiques. Ce n’est plus possible sans outils.
Et surtout, les clients reviennent. Ou pas. Mais relancer un client trois mois après sa commande sans un minimum d’automatisation, c’est compliqué. Il faut segmenter, suivre, personnaliser.
C’est donc à ce moment-là qu’on investit dans une stack marketing plus sérieuse :
un CRM (Hubspot, Pipedrive) pour gérer les clients B2B,
une CDP (souvent Segment, ou intégrée dans Klaviyo),
un outil de marketing automation (Klaviyo, Brevo, Customer.io…).
Et souvent, c’est aussi le moment où le fondateur recrute son premier ETP.
Un profil opérationnel, qui gère les campagnes, les outils, les bases clients.
Avec le temps, cette personne devient head of e-commerce ou responsable acquisition.
Ce palier est structurant. Il redistribue les rôles, les outils et les marges de manœuvre.
Et il faut l’anticiper, car c’est souvent à ce moment que la croissance se grippe, ou qu’elle s’accélère.
Si vous n’avez pas choisi la voie de Shopify, vous avez probablement opté pour Prestashop ou Magento.
Mais avant d’entrer dans le détail, il faut parler d’un gros malentendu : Adobe Commerce Cloud, la version cloudifiée de Magento.
On pourrait croire qu’il s’agit d’une alternative SaaS à Shopify. En réalité, c’est un tout autre univers. Adobe Commerce Cloud, c’est Magento sous stéroïdes. Une solution très robuste, pensée pour les groupes internationaux, avec des besoins multi-sites, multi-pays, multi-devises. Bref : pas adaptée à un e-commerçant en croissance.
Déjà, les coûts de licence sont prohibitifs : plus de 50 000 € par an.
Ensuite, les interlocuteurs que j’ai rencontrés qui s’y sont essayés parlent d’un outil complexe, rigide, souvent surdimensionné.
Est-ce que c’est utile ? Oui — si vous êtes Amazon.
La promesse, c’est de la performance à l’échelle mondiale, avec l’élasticité du Cloud, une intégration forte avec les produits Adobe, et une infrastructure sécurisée.
Mais en dessous de 50 M€ de chiffre d’affaires, c’est aller au bureau avec un A380 au lieu d’un vélo.
Magento embarque ElasticSearch nativement depuis la version 2.4.
Et cela fait toute la différence dès que le nombre de références augmente.
De son côté, Prestashop dispose d’un moteur natif très limité. Pour obtenir des filtres dynamiques ou une indexation personnalisée, il faut ajouter un module tiers.
Résultat : dès 50 000 références (ou autour de 1 M€ de chiffre d’affaires), la plupart des e-commerçants délèguent la recherche à des solutions externes comme Algolia, DoFinder ou Luigi’s Box.
Il est certes possible de brancher ElasticSearch sur Prestashop, mais cela reste rarement intéressant : la charge technique est élevée, et l’expérience utilisateur n’est pas toujours à la hauteur.
Enfin, si vous cherchez une solution managée, Elastic Cloud devient pertinent à partir de 20 à 50 M€ de CA, quand l’auto-hébergement devient trop lourd à maintenir.
👉 C’est pourquoi, dans ce dossier, je compare principalement Algolia à ElasticSearch auto-hébergé — ce sont les deux vraies options du milieu de tableau.
Algolia coûte plus cher, mais c’est du plug and wow.
Tu branches, tu ajustes le design, tu fais quelques réglages… et ça fonctionne. Rapidement. Fiablement. Scalablement.
En face, faire tenir à l’échelle un cluster ElasticSearch, c’est un autre niveau de jeu. Et ce n’est pas donné à tout le monde.
Déjà, même avec Algolia, les meilleures agences peuvent décevoir.
Mais avec ElasticSearch, il faut faire confiance à trois prestataires en même temps : hébergeur, infogérant, agence e-commerce.
Car oui, ElasticSearch auto-hébergé, c’est facilement 2 ETP internes si tu veux tout faire proprement.
Le vrai piège ? C’est de croire que tu vas t’en sortir avec 3K€/an.
En réalité, tu prends une agence à 15K€ pour le setup, tu oublies de négocier le SLA, et tu découvres que ton infogérant ne veut pas monitorer ce service.
👉 C’est aussi pour ça que les agences e-commerce spécialisées sur Magento sont souvent plus chères.
Ils sont obligés d’avoir des DevOps musclés et des ingés qui maitrisent ElasticSearch.
Ici on retient le palier des SKUs. Combien coûte un site e-commerce avec 100 000 SKU ? Rapidement 6K€ par mois d’Algolia.
Trop cher si vous avez pas au moins 10M€ de chiffre d’affaire.
Avant de parler refonte, il faut revenir à la réalité du quotidien.
Car c’est lui qui use les équipes, qui grignote les marges, et qui précipite les refontes mal préparées.
Chaque mois, on paie :
– une agence e-commerce pour de la TMA ;
– un hébergeur ou infogérant pour garantir la disponibilité.
Mais qu’est-ce qu’on obtient réellement en retour ?
🧩 La TMA : corrections des bugs, montées de versions et mises à jours régulières.
L’agence qui facture 2 jours de TMA par mois, mais attend juste la prochaine refonte, on connait.
Sans backlog clair, sans gestion de tickets rigoureuse, et sans contractualisation, vous n’avez aucune garantie.
L’agence qui a un ticket bug ouvert depuis 15 mois, je l’ai vu aussi (et c’était pas une petite boîte, mais un gros du CAC40)
🌩️ L’infogérance : vous avez un serveur ou un cluster, parfois chez un petit hébergeur, parfois chez un géant.
Mais qui est responsable en cas d’incident en prod à 4h du matin ?
J’ai eu des interlocuteurs qui m’ont dit « Oui, j’ai trouvé un plan pas cher, mes voisins ils me font ça pour 500€ par mois. »
Mais à ce prix-là tu as un SLA ou un RTO ? Non, je sais pas ce que c’est.
C’est ok en dessous d’1M€ de CA. Mais passé 20M€ c’est plus possible et souvent mes interlocuteurs savaient ce qu’il y avait dans les contrats.
Certains avaient pu découvrir le contenu lors d’une panne OVH par exemple (je veux pas remettre de l’huile sur les cendres).
“Combien elle t’a coûté ta refonte ? 125K ! C’est un budget quand même.”
Oui, les refontes, ça pique. Combien coûte un site e-commerce avec refonte annuelle ? Si la refonte fait doubler ou tripler le budget c’est un problème.
Et beaucoup traînent un traumatisme collectif : la montée de version de Magento 1 vers Magento 2. Une migration douloureuse. Longue. Et très chère.
Le problème, c’est que tout le monde y passe. Personne ne refait son site pour le plaisir. On attend toujours le dernier moment. Et quand ça tombe… c’est rarement bien anticipé. Et surtout, tu sauras jamais combien de CA t’as perdu parce que t’as trop attendu.
Une refonte, ça coûte cher.
La vraie question, c’est : pour combien de temps ? Deux ans ? Quatre ?
Tout dépend de sa nature.
Une refonte d’image, c’est gérable.
Mais une montée de version, un passage en headless, ou une refonte SEO complète… c’est une autre histoire. Et un autre budget.
Au-delà de 10 ou 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, on ne refait plus tout d’un bloc.
On bascule vers un modèle plus agile : la refonte continue.
On améliore le site progressivement.
Et ça permet une réactivité ! Cette nouvelle catégorie ne marche pas bien ? On peut faire évoluer.
Les CTRs ont baissé sur ce type de parcours ? Pas besoin d’attendre la prochaine refonte dans 2 ans.
Ça demande un tooling produit : des analytics, une CDP, un outil d’A/B testing
Mais attention :
La refonte partielle est souvent un piège.
Changer une moitié de l’interface sans toucher l’autre, c’est risquer de désorienter l’utilisateur.
Et sans direction claire, on obtient un patchwork ingérable.
Passer à la refonte continue, ce n’est pas un sujet technique.
C’est une question d’organisation. Et surtout, de niveau de jeu.
Beaucoup pensent qu’internaliser, c’est recruter des devs Prestashop.
Mais non.
Ce qu’il faut, ce sont des profils de pilotage :
Un·e chef·fe de projet e-commerce capable de cadrer les chantiers, prioriser, coordonner les prestataires.
Un profil product, pour incarner une vision cohérente de l’expérience client.
Un·e analyste ou une personne qui sait exploiter les données : suivre les CTR, identifier les points de friction, formuler des recommandations.
Parfois, un·e UX ou designer en interne, même à temps partiel ou en freelance régulier.
Autrement dit : il faut des cerveaux, pas des bras.
Des gens capables de faire mieux avec le même budget.
L’erreur fréquente, c’est de penser que la personne qui faisait tout au début va naturellement tenir ce rôle demain.
Mais ce n’est pas le même métier.
Jusqu’à 20M€ de CA, le ou la responsable e-commerce connaît les produits, les clients, le CMS… et prend de bonnes décisions seul·e.
Mais passé 20 M€, on a des outils de pilotage. On fait des arbitrages plus froids, plus stratégiques.
Ce n’est plus de la production : c’est de la maîtrise d’ouvrage.
Il ne faut pas seulement recruter deux ou trois personnes en plus.
Il faut changer l’organisation : redéfinir les rôles, écrire de nouvelles fiches de poste, former la personne en place pour qu’elle garde sa connaissance du système — mais joue désormais un autre rôle.
Pour revenir à ce fameux PIM (Product Information Management), c’est normal qu’il ne soit pas là avant 20 M€ de CA. Il y a plusieurs éditeurs, mais notre préféré, c’est bien sûr Akeneo, dont j’ai déjà interviewé plusieurs collaborateurs nantais.
Pas de panique non plus si vous n’avez pas encore une “Customer Data Platform” à part entière. Jusqu’à 10 M€, les features de votre outil marketing suffisent. Et oui.
Klaviyo, par exemple, est assez fantastique en tant que plateforme tout-en-un. Plus actionnable que Customer.io, plus musclé que Brevo ou ActiveCampaign, plus orienté e-commerce que Hubspot.
La personnalisation ? Elle commence à partir de 3 M€, mais prend une autre dimension avec une vraie CDP. Il existe plusieurs éditeurs : Nosto, Target2Sell, Kameleoon, Dynamic Yield.
Je vous ai dit que le nombre de références pesait sur Prestashop ou sur la search ? Alors imaginez le travail pour une équipe interne sous-staffée, sans PIM, avec 50 000 références. C’est intenable.
Soyons rationnels : au-delà de 100K SKUs, il faut investir dans une équipe ET dans un PIM. Oui, ça mange les marges. Mais pas le choix.
Sinon ? Il faut faire le ménage. Supprimer les produits obsolètes, ceux qui ne se vendent plus, ceux dont la fiche produit est bancale.
C’est ça ou voir vos coûts tech exploser.
Et d’autres facteurs aggravent la situation : vous gérez plusieurs langues ? Plusieurs marchés ? Vous êtes sur des marketplaces ?
Le PIM devient vite indispensable. Et c’est souvent le coût caché d’une diversification trop rapide.
Je vous remets le tableau de coût, a ajouter au dessus des coûts technique. Et je rappelle que la diversification des canaux et des marchés, ainsi que la profondeur de catalogue fais vite tomber dans la case d’après, ou encore pire.
Oui, sur ce visuel, il y a beaucoup de sigles.
Mais promis, on va les décoder simplement.
EDI : c’est un système d’échange de données entre entreprises.
Vos fournisseurs vont vous l’imposer, surtout si vous travaillez en B2B ou si vous leur passez des commandes automatiquement.
Tous les “MS” ? Ce sont des Management Systems :
TMS (Transport Management System) : gère vos transporteurs, les livraisons, les promesses clients.
WMS (Warehouse Management System) : gère le stock, les emplacements, la préparation dans l’entrepôt (le vôtre ou celui d’un partenaire).
OMS (Order Management System) : gère le cycle de vie des commandes clients, surtout si vous vendez sur plusieurs canaux.
Et enfin : l’ERP (Enterprise Resource Planning)
C’est le grand fourre-tout des logiciels d’entreprises (SAP, Oracle etc…).
Le logiciel qui connecte tous les autres : stock, finance, commandes, RH, logistique… Plus vous grandissez, plus tout le monde finit par parler à l’ERP.
C’est difficile de généraliser.
Mais une chose est sûre : ces outils ne tombent pas du ciel.
À chaque brique, il faut souvent une agence spécialisée pour l’intégrer, un peu comme pour votre site e-commerce.
Le setup n’est pas négligeable, les devis peuvent piquer. C’est un investissement conséquent.
Cela dit, même en cumulant ERP + OMS + TMS + WMS + EDI,
La stack opérationnelle coûte rarement plus de 1% du chiffre d’affaires.
Un poste significatif, mais soutenable. Surtout si vous grandissez vite.
Je vous ai dit que le but, c’était de rendre visible l’invisible.
Quand un client passe une commande à 50 € sur une DNVB, il y a souvent 5 € d’informatique derrière. Dans un retail plus structuré, c’est plutôt 2 ou 3 € — un coût comparable à celui du transporteur. Sauf que lui, on le voit : livreurs, camions, entrepôts, délais. L’informatique, elle, reste hors-champ. Et pourtant, chaque outil appelle un humain dans le cockpit.
Une CDP sans pilotage devient un tableur glorifié.
Une plateforme d’automation sans pilotage, c’est un robot fou qui bombarde tout le monde.
Un PIM mal tenu, c’est une tour de Babel remplie de doublons, de fiches obsolètes et d’incohérences.
Ce ne sont pas les outils qui font franchir un palier, c’est l’équipe qui les pilote.
Les bons prestataires ne compensent pas une équipe sous-staffée, à bout de souffle ou sans vision.
Et tant pis si ça pique : vous pouvez retarder une refonte, différer l’adoption d’un outil… mais pas l’investissement dans l’équipe.
Et oui, certains atteignent 20 M€ de CA sans équipe.
Mais le prix à payer finit par tomber : retard opérationnel, surcharge en interne, stress, burn-out, décisions en mode pompier.
Les refontes deviennent plus lourdes, plus longues, plus douloureuses.
Une roadmap. Elle est peut-être ambitieuse.
Vous allez me dire que ce n’est pas réaliste, que ce n’est pas votre quotidien.
Que recruter est compliqué. Que vous n’avez pas les moyens.
Mais justement, poser ce sujet-là — celui de l’équipe —, c’est éviter que tout le reste vous explose à la figure.
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